Publié le Vendredi 13 avril 2012 à 19h04.

Grèce : deux morts qui poussent à continuer le combat

L’information a débordé les frontières de la Grèce : mercredi 4 avril, un pharmacien retraité s’est suicidé en plein jour sur la place Syntagma au centre d’Athènes. Sa lettre ne laisse aucun doute : refusant d’en être réduit à devoir fouiller les poubelles, il appelle à mettre fin à la politique de la Troïka et du gouvernement qui réduisent la population du pays à l’esclavage. Si ce geste a provoqué une émotion si forte, c’est que Dimitris Christoulas est l’illustration du « héros du quotidien » : ancien partisan de la gauche, ayant participé au printemps dernier aux rassemblements des Indignés, il rejoint la colère de millions d’habitants et chaque soir des milliers de personnes se rassemblent sur la place. Son enterrement ce samedi s’est conclu par une manifestation à Syntagma lors de laquelle un policier s’est vu courser par la foule : il faut préciser que jeudi soir, ces mêmes flics ont frappé sauvagement, envoyant à l’hôpital le président du syndicat des photo-reporters, représentant d’un métier apparemment trop gênant.

Il faut aussi saluer une belle figure de la gauche, disparue il y a deux semaines : Giannis Banias était une figure marquante de ces militants ayant rejoint dans les années 1960 le KKE (PC grec) alors interdit, puis ayant participé à la création du KKE-es (euro-communiste) avant de se lancer dans la construction d’une gauche radicale avec le groupe Akoa, membre du regroupement Syriza, dont il était député. Si les choix de Banias ne rejoignaient pas ceux de la gauche révolutionnaire, les rapports ont été toujours chaleureux avec cette figure respectée et ouverte de la gauche, et ce n’est pas un hasard si à son enterrement étaient présents tous les courants de la gauche et même au-delà (à côté du vétéran de la résistance Glezos, un ancien président de la République, homme de droite ouvert, était là)… le KKE manquait. Le combat mené par trop peu de personnes continue pour l’unité de la gauche dans les luttes, seul moyen d’ouvrir des perspectives politiques crédibles.

Athènes, le 7 avril, A. Sartzekis

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