Publié le Vendredi 4 mai 2012 à 09h38.

Grèce : élections législatives le 6 mai

Si la grève emblématique des sidérurgistes de l’usine Halivourgeia en sera bientôt à son 200e jour, avec des luttes ici ou là, aucun appel à une mobilisation nationale ou même à une grève générale de 24 heures n’est intervenu ces derniers temps. Résultat : la campagne pour les législatives du 6 mai ne se tient pas sur fond de luttes sociales, ce qui n’est pas seulement dû à l’apathie tragique des directions syndicales, mais aussi au découragement en cette période, en grande partie causé par l’absence d’unité minimum à gauche du Pasok, qui rendrait pourtant possible la multiplication de luttes communes sur le terrain. Et cela n’en rend que plus incertains les résultats électoraux, alors que, en toute logique, la politique suivie par le gouvernement Pasok, droite et extrême droite aurait dû ouvrir une autoroute à la gauche radicale et anticapitaliste. La misère s’étendUn chiffre officiel : en 2011, les salaires ont baissé en moyenne de 25 %, et aujourd’hui l’un des axes prioritaires est celui des privatisations, c’est-à-dire de la casse des services publics déjà très affaiblis, pour prétendument obtenir des rentrées d’argent... En fait, pour faire des cadeaux au grand patronat. Exemple : la société nationale des trains, OSE, doit être privatisée, et le grand débat est de savoir si on vend maintenant (ministre de l’Économie) ou si on modernise d’abord (ministre des Transports, transfuge récent de l’extrême droite vers la droite). Bref, tout ce qui aurait dû être fait pour un service public de qualité serait maintenant offert pour vendre aux requins (la France serait intéressée...) !

Dans ce paysage de désolation, certaines régions sont encore plus atteintes : ainsi, si au niveau national, 20 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, en Elide (région d’Olympie), 33 % des habitants de tous les âges sont touchés, avec un inquiétant pourcentage chez les enfants de moins de 15 ans. Reverra-t-on bientôt les images des enfants pieds nus comme dans la Grèce d’après l’occupation nazie ? Quelle solution politique ?Le plus probable, c’est qu’aucun gouvernement ne sorte des urnes : la campagne des deux grands partis est aussi grotesque que sa politique est antisociale, et pendant que le Pasok se divise pour savoir s’il faut ou non demander pardon aux électeurs et électrices pour les mesures prises, le dirigeant de la droite, le nationaliste Antonis Samaras, joue une campagne à l’américaine, mais aussi à la Sarkozy, avec un discours anti-immigrés qui ici aussi, aura comme effet de renforcer l’extrême droite, en particulier le groupe néonazi Chryssi Avgi, qui multiplie les agressions. Une dizaine de groupes pourraient avoir des députés, mais même si la gauche devrait se renforcer, elle reste très divisée : la dirigeante du KKE (PC grec) Papariga explique que si elle avait dû voter en France, elle se serait abstenue dès le premier tour, et le dirigeant de Syriza, Tsipras, a provoqué un malaise en expliquant cette semaine qu’il tenterait bien de former un gouvernement si le président le lui demandait, en acceptant pour cela les voix des députés d’un groupe de droite extrême, qui s’est prononcé contre la politique du memorandum… mais sur des positions nationalistes et anti-immigrés ! Quant à la gauche anticapitaliste Antarsya, elle mène une campagne active contre le paiement de la dette et pour la sortie de l’euro et de l’Union européenne, et peut percer ici ou là. Mais le véritable enjeu dans tous les cas, surtout si aucun gouvernement ne sort de ce scrutin, est de lancer de grandes mobilisations unitaires sans attendre le nouveau scrutin : redonner confiance sur le terrain des luttes ouvrières et de la jeunesse, pour crédibiliser des solutions politiques à gauche toute !

Andreas Sartzekis, Athènes, le 29 avril 2012