Depuis qu’il est au pouvoir, le gouvernement Mitsotakis junior s’est montré comme le pire agent de l’ultra-libéralisme, multipliant les cadeaux au grand patronat pendant qu’il fliquait la société comme jamais, et s’attaquant à tout ce qui pouvait rester de droits aux travailleurEs et aux jeunes.
Aucun secteur n’est épargné mais, depuis deux mois, une mobilisation exemplaire a surgi du côté des artistes et élèves artistes.
Casser le statut des artistes
Le gouvernement a fait émettre en décembre un décret présidentiel qui ramène le diplôme d’études artistiques (trois ans minimum après le bac) au niveau de fin d’études secondaires, avec d’évidentes conséquences sur les rémunérations et sur l’éventuelle poursuite d’études supérieures. Pourtant, si l’on prend les écoles de théâtre, même si la plupart sont privées, leurs diplômes étaient jusqu’ici reconnus par l’État qui validait leur obtention : il s’agit donc bien et d’un immense recul des droits et d’une provocation contre le monde de la culture, et c’est ainsi qu’a été accueillie la mesure.
Aussitôt, des manifestations ont été organisées par les étudiantEs en arts, avec le soutien des professionnelEs, et comme d’habitude, ils et elles ont eu droit aux lacrymos et charges diverses de la police. Grave erreur d’estimation du gouvernement : la colère n’a fait que grandir, parallèlement d’ailleurs à d’autres secteurs comme les archéologues (on en reparlera), et la mobilisation s’est traduite ces dernières semaines par des grèves de cours, occupations d’écoles d’art et de théâtres (dont le théâtre national des trois principales villes), et aussi par la démission spectaculaire d’enseignantEs de théâtre. Des concerts dans les rues d’Athènes ont réuni des milliers de personnes et des messages de solidarité sont venus d’associations du monde entier (de France : CGT, Syndicat professionnel des artistes…). Le 15 février, étudiantEs et professionnelEs de la culture se sont joints aux manifs des enseignantEs du primaire et secondaire en grève contre un projet guillotine d’évaluation (au moins 10 000 dans les rues d’Athènes !), avec une dynamique de « touTEs ensemble » perceptible dans des mots d’ordre.
Une victoire de la mobilisation ?
Une première victoire est incontestable : le 15 février, Mitsotakis, sentant la popularité du mouvement (et les législatives se rapprochant) a rompu avec le mépris et a reçu les représentantEs d’associations artistiques, sans la honnie ministre de la Culture Mendoni. Ses déclarations portent sur des améliorations salariales et sur la future création (revendiquée par les artistes) d’une École supérieure des arts vivants. Mais rien sur l’abandon du décret présidentiel, et une nouvelle provocation : alors que la Constitution garantit par son article 16 un enseignement supérieur confié au seul secteur public (avec quelques exceptions justement dans des secteurs comme les écoles artistiques), Mitsotakis a remercié les artistes en lutte de l’aider dans son projet obsessionnel de casser ce décret pour ouvrir l’université aux requins du privé… Si après ces vagues promesses quelques représentantEs semblaient satisfaits, la mobilisation continue et doit continuer jusqu’à la victoire totale, encouragement pour bien d’autres secteurs !
À Athènes