Une lueur de changement grandit après le 1er tour de l’élection présidentielle par le Parlement : la droite et le Pasok attendaient un minimum de 163 voix, et leur candidat Dimas n’en a recueilli que 160...
Il leur sera difficile d’arriver aux 180 voix nécessaires du 3e tour qui se déroulera ce 29 décembre. De plus, l’information lancée par une sorte de Coluche grec – un député se serait vu proposer 3 millions pour voter Dimas – affaiblit un peu plus le gouvernement, d’autant que l’avenir concret pour des millions de personnes, ce sont les augmentations de la TVA, la nouvelle baisse des pensions, la déréglementation totale des licenciements. Et l’élection du président implique donc déjà un accord avec ces mesures, sans parler du reste !
Car si la troïka a accordé 2 mois de délai sans nouveau mémorandum, tout en imposant une clarification politique non voulue par le Premier ministre Samaras, la Grèce devra en 2015 rembourser 31 milliards de prêts, et elle est donc d’ores et déjà sur les rails d’un nouveau mémorandum.
Dans ces conditions, Samaras et les partis au pouvoir multiplient les gesticulations et manœuvres diverses : ainsi, la prolongation de 2 mois du mémorandum est présentée comme une victoire, alors que Samaras affirmait que c’en était fini des mémorandums ! On prévoit si nécessaire de changer au 3e tour le candidat – ce que Samaras excluait – l’ex-commissaire européen Dimas étant trop marqué, avec ainsi l’espoir de débaucher quelques députés « indépendants » (seulement 5 sur 24 ont voté pour Dimas au 1er tour). Dimanche 21 décembre, Samaras annonce qu’on peut envisager des législatives fin 2015 au lieu du printemps 2016, à condition qu’il y ait un vote d’unité nationale pour le 3e tour, pour sauver la patrie !
Certes, tout cela est perçu comme de sordides manœuvres, mais il ne faut pas sous-estimer la possibilité que cela marche, dans un climat où on peut même imaginer des promesses de libération pour les dirigeants nazis emprisonnés, autorisés à venir voter – ce que ne prévoit pas la loi d’après le juriste incontesté Alivizatos.
Le réalisme ou la rupture ?
Dans le même temps, la gauche se prépare pour les législatives et les sondages continuent à donner en tête Syriza (36,5 % contre 29,5 % à la droite, 6 % au KKE, au Pasok et aux nazis...). L’éventualité d’une victoire de Syriza est donc envisagée par une partie de la droite grecque – y compris sous l’angle d’une incapacité à gouverner débouchant illico sur de nouvelles élections ! – et par la bourgeoisie européenne.
En effet, les contacts se multiplient entre Syriza et responsables de l’Union européenne, non plus sur fond d’annulation mais de renégociation de la dette. Et si les travailleurEs s’apprêtent à voter Syriza pour en finir avec Samaras, la méfiance apparaît, avec des sondages en hausse pour le KKE et Antarsya. Le problème n’est pas tant que Tsipras, le principal dirigeant de Syriza, s’adresse aux anciens électeurs du Pasok, ce qui est normal : c’est plutôt le fait que, par exemple à son meeting en Crète, ait été présente au premier rang une responsable du Pasok ; c’est surtout le fait que le discours « réaliste » commence à se développer largement dans Syriza, comme l’impossibilité de revenir sur les baisses de rémunérations...
Et ces discours se sont déjà concrétisés : dans la région d’Attique gagnée par Syriza au printemps, aucun changement sensible, et une présidente qui reconnaît être tenue par les engagements antérieurs. Dans une banlieue, le maire lié à la gauche révolutionnaire dans Syriza applique la flexibilité...
Face aux perspectives de choix très durs, il y a urgence que le pôle anticapitaliste se renforce en dehors de Syriza.
D’Athènes, A. Sartzekis