Publié le Jeudi 12 octobre 2023 à 08h00.

Grève automobile aux États-Unis : une avancée à caractère historique

Vendredi 6 octobre, alors que l’UAW s’apprêtait à appeler à la grève l’une des principales usines de General Motors, celle d’Arlington dans le Texas, la firme automobile a accepté par écrit le principe d’inclure les usines de fabrication de batteries électriques dans l’accord en cours de négociation. C’est une victoire contre la division des travailleurEs !

 

Le président de l’UAW s’est félicité de ce « pas en avant historique » qui offre des garanties aux travailleurEs de l’automobile dans le cadre de la transition vers le véhicule électrique. Il n’y a pas eu d’extension de la grève ce vendredi 5 octobre. « Notre grève fonctionne. Mais nous ne sommes pas encore arrivés au bout. » C’est pourquoi la grève de 25 000 salariéEs continue chez les trois constructeurs GM, Ford et Stellantis.

L’enjeu des usines de batterie

Les batteries représentent aujourd’hui 25 % à 30 % de la valeur totale de toutes les pièces des véhicules électriques et constituent un élément clé de la chaîne d’approvisionnement. Aux États-Unis, les usines, dont la construction est en plein boom, sont la propriété directe des firmes automobiles, ou bien sont construites en association avec des firmes japonaises, chinoises ou sud-coréennes. Ce sont, pour la plupart, des usines où le syndicalisme est banni, où le travail est mal rémunéré et les conditions de travail ­particulièrement dangereuses.

Ici aussi, en France, c’est le prétexte au démantèlement de Renault, avec la création d’Ampère pour toutes les activités « électriques », avec de nouveaux actionnaires, et la construction d’usines de batteries par de nouvelles firmes dont certaines extérieures à la filière automobile. Les salariéEs y sont hors accords Renault, mais aussi hors convention collective de la métallurgie.

General Motors a reculé. L’avancée obtenue par l’UAW sur ce point concerne l’avenir de l’industrie automobile et de ses salariés aux États-Unis, a déclaré le président de l’UAW Shawn Fein. Elle peut et doit aussi servir de point d’appui aux résistances ici et maintenant contre les mêmes projets patronaux.

Ils cèdent aussi sur les salaires

Les premiers succès déjà obtenus par la grève concernent aussi les salaires. Ford propose maintenant 23 % d’augmentations de salaires, GM et Stellantis 20 %. C’est plus du double de leurs propositions initiales. De plus, Ford et Stellantis acceptent de remettre en vigueur le système d’indexation des salaires sur le coût de la vie, abandonné en 2009. Des progrès significatifs ont aussi été obtenus pour les travailleurEs temporaires et les niveaux de salaire selon l’année d’embauche. Mais le compte n’y est pas encore !

Cette grève rompt avec les pratiques précédentes d’une UAW à la direction corrompue. Le point sur l’état des discussions est fait chaque vendredi par le président de l’UAW Shawn Fein. Ses interventions sur Facebook sont vues en direct par des dizaines de milliers d’ouvrières et ouvriers qui les regardent dans les ateliers depuis leur mobile. Le retour à la radicalité des années 1930 mais avec les outils de communication d’aujourd’hui !

Alors que les usines « non syndiquées » installées par Tesla et les firmes automobiles étrangères « transplants », représentent aujourd’hui près de la moitié de la production automobile des États-Unis, les travailleurEs de ces usines se sentent de plus en plus impliqués, concernés par les revendications portées par l’UAW. Cela laisse présager de possibles nouvelles batailles contre les empêchements patronaux à la syndicalisation dans ces usines.

La tendance au rétrécissement des bases historiques de l’UAW peut être inversée. Ce sont bien les mobilisations sociales qui créent les conditions de nouveaux rapports de force entre classes dont la syndicalisation. Solidarité avec les grévistes de l’UAW jusqu’à leur victoire !