En 2019, nous étions des milliers, dans toute la Suisse, à répondre à l’appel lancé par les collectifs de la Grève féministe en descendant dans la rue pour défendre la visibilisation et la fin des discriminations subies par les femmes et les personnes dissidentes du système sexe-genre.
Trois ans plus tard, une prise de conscience quant à la légitimité des enjeux soulevés notamment par le Manifeste a peut-être eu lieu. Mais les 19 revendications qui y figurent ne sont toujours pas entendues.
Une retraite 37 % inférieure à celle des hommes
Face à l’offensive néolibérale du gouvernement avec le projet AVS 21, les collectifs féministes, partout en Suisse, se sont mobilisés en s’emparant de la question des retraites et en soutenant le référendum. Le 25 mars 2022, c’est plus de 150 000 signatures, soit trois fois plus que le nombre nécessaire, qui ont été déposées à la chancellerie. Le message est clair : nous refusons de payer la réforme d’un système capitaliste et patriarcal qui nous discrimine tout au long de notre vie.
En moyenne, en Suisse, les femmes reçoivent une rente (pension) 37 % inférieure à celle des hommes et subissent donc davantage la précarité et la pauvreté. Dans le milieu du travail salarié, les femmes, et en particulier les femmes issues de la migration, sont majoritaires dans les métiers précaires et mal rémunérés. Les métiers majoritairement exercés par des femmes sont mal payés car les compétences requises sont considérées comme « naturelles » et leur pénibilité n’est pas reconnue. Enfin, le travail domestique et reproductif gratuit est assuré à 70 % par des femmes. Essentiel au fonctionnement de l’économie capitaliste, le travail domestique est pourtant dévalorisé et invisibilisé.
Cette pénibilité et cette précarité ont un impact sur la santé physique et mentale des femmes. Or, là encore, l’accès aux soins et à une prise en charge digne reste discriminatoire pour les femmes et les personnes dissidentes du système sexe-genre. Encore aujourd’hui, la recherche omet trop souvent d’inclure des sujets féminins, transgenres et non-blancs dans les études médicales, ce qui amène à la création de connaissances biaisées et contribue à une mauvaise prise en charge et prévention.
TouTEs dans la rue le 14 juin
L’accès aux soins est encore plus violent et stigmatisant pour les personnes queers, racisées, grosses et porteuses de handicap. En ne proposant qu’une vision cishétérosexuée de la santé sexuelle, en maintenant un coût important des moyens de contraception et en stigmatisant notre droit à l’accès à l’avortement, notre système de santé participe à une société qui cherche à contrôler les corps féminins et dissidents.
C’est pourquoi nous continuerons à nous mobiliser. Parce que l’histoire des luttes nous a démontré que demander ne suffit pas, il faut prendre : descendons touTEs dans la rue le 14 juin 2022 !
En solidarité avec toutes les féministes qui luttent, partout, pour défendre leur droit à une vie digne et pour défendre nos revendications, grèvons autant qu’il le faudra pour construire un rapport de force politique à même de démanteler ce système capitaliste, cis-hétéropatriarcal, qui nous opprime, nous exploite et nous tue. La révolution sera féministe, solidaire et internationaliste, ou ne sera pas.
Paru dans le n°406 de solidaritéS (Suisse).