Hollande aura visité en cinq jours quatre îles toujours considérées comme des territoires d’outre-mer – Saint-Barthélemy, Saint-Martin, la Martinique et la Guadeloupe –, puis Cuba pour terminer par Haïti. Et il aura parlé et parlé encore de l’esclavage. Il se sera recueilli sur la tombe d’Aimé Césaire à Fort-de-France, aura inauguré le Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre et commémoré le 10 mai, journée nationale consacrée à la traite et à l’abolition de l’esclavage... Aucun symbole n’a été oublié et les belles paroles ont coulé à flots. Tout cela signifie-t-il qu’enfin les peuples de la Caraïbe vont obtenir réparation et que l’État français va honorer la dette contractée à leur égard ? Loin de là, Hollande se moque du monde ! Son mépris colonial transpire jusque dans sa façon de plaisanter. « Ça ne peut pas être tous les jours Noël, on ne peut pas attendre que ce soit de l’État que tout vienne », ose-t-il ! En réalité au sommet Climat Caraïbe, il n’a pas avancé le moindre mécanisme pour financer les mesures préconisées... et à Saint-Martin il promet le renforcement du contrôle de l’immigration et l’augmentation du nombre de gendarmes mobiles. Quand Hollande parle du présent, c’est pour dénoncer « de nouveaux négriers (qui) monnaient des cargaisons humaines. En Méditerranée, des passeurs criminels remplissent des bateaux d’êtres humains », alors que c’est l’Europe forteresse qui est responsable et coupable des morts en Méditerranée ! Si Hollande déclare que l’esclavage est « irréparable », c’est pour refuser toute réparation et quand il reconnaît une dette à l’égard d’Haïti, il ne s’agit que d’une dette morale. Pourtant les exigences de réparation sont plus que légitimes. Haïti s’est ruinée à payer « la rançon de l’indépendance » réclamée par la France afin d’indemniser les anciens colons, c’est-à-dire pendant plus d’un siècle (jusqu’en 1952 !) l’équivalent de 17 milliards d’euros. Elie Domota, le syndicaliste guadeloupéen, a bien raison de rappeler que ce sont les esclavagistes qui ont été indemnisés lors de l’abolition de l’esclavage, et que, grâce à cet argent, leurs descendants règnent toujours.
Christine Poupin