Avec le retour du président déchu, Manuel Zelaya, la mobilisation populaire contre le coup d'Etat du 28 juin et le renversement des putschistes se poursuit au Honduras.
Depuis plus de quatre-vingts jours, dans les rues et villages du Honduras, la résistance civile s’organise contre le coup d’Etat militaire mené, le 28 juin 2009, par Robert Micheletti, avec l'appui de l'armée et de l'oligarchie nationale et l'aval de la hiérarchie catholique. Le président déchu, Manuel Zelaya, expulsé du pays, est un propriétaire foncier qui, une fois élu, a cherché à répondre aux demandes des secteurs les plus défavorisés du pays.
Malgré l’opposition de l'oligarchie, il a intégré en 2007 l'alliance Petrocaribe pour obtenir des ressources matérielles, financières et énergétiques (pétrole du Venezuela) à un tarif préférentiel.
En 2008, il adhère également à l'Alliance bolivarienne des peuples d'Amérique (Alba).
Cette politique est rapidement taxée de « communiste », « castriste » et « chaviste » par les secteurs conservateurs dans un pays où le pouvoir économique et politique est entre les mains d’un petit groupe de familles.
L’administration Obama a nié l'existence d’un coup de l'État, mettant en exergue des problèmes à caractère juridique entre le président Zelaya, la Cour suprême de justice et le tribunal électoral. Elle a impulsé la présence des putschistes à la table des négociations.
Les pays membres de l'Alba ont été les premiers à appuyer Zelaya et à demander la restitution de la démocratie, suivis par l'Union des nations sud-américaines (Unasur), l'Organisation des États américains (OEA), l'Union européenne et les Nations unies.
Tout cela n'est dû qu'à la mobilisation sociale permanente des paysans, des ouvriers, des indiens, des étudiants, des femmes, des jeunes, des journalistes indépendants et des intellectuels, rassemblés au sein Front national contre le coup d'État et exigeant le retour de « Mel Zelaya », l’organisation d’un référendum populaire et l'institution d'une Assemblée nationale constituante. Le gouvernement putschiste de Roberto Micheletti a décidé d'organiser des élections générales bidon le 29 novembre mais la plupart des pays étrangers ont annoncé qu'ils n'en reconnaîtraient pas les résultats.
Au sein de la résistance au coup d'Etat, seule une minorité voit le processus électoral comme un espace de lutte auquel il faut participer. La majorité considère que ces élections menacent l’unité que le coup d'État a créé entre mouvements sociaux et partis politiques de gauche et préfèrent soutenir la mobilisation sociale.
Le coup d'État donne froidement à voir ce que les secteurs traditionnels du pouvoir (oligarchie politico-économique, armée, médias, Etats-Unis) font des processus électoraux et démocratiques. La mobilisation sociale et la résistance du peuple hondurien force le respect et devrait faire l’objet d’une plus large solidarité internationale.
Miguel Ceto