Publié le Jeudi 14 juillet 2011 à 16h45.

Indépendance du Sud-Soudan.

Depuis samedi 9 juillet, le continent africain est passé de 53 à 54 états. Dernier « né », la République du Sud-Soudan qui compte environ 8,5 millions d’habitants (contre environ 32 millions pour le reste du Soudan « maintenu ») a proclamé son indépendance.

Celle-ci a été le résultat logique du vote au référendum, qui a eu lieu du 9 au 15 janvier 2011 et a donné une majorité de presque 99 % au « Oui » à l’indépendance. À son tour, la tenue du vote résultait de l’« Accord global de paix » conclu en 2005 entre le gouvernement soudanais, d’un côté, et l’ancienne « Armée de libération du peuple soudanais » (SPLA) de l’autre. Avant cet accord, plus de 20 ans d’une guerre civile – commencée en 1983 – avaient ravagé le pays. Ses raisons résidaient d’un côté dans un conflit autour de la répartition des recettes pétrolières du pays. De l’autre côté, dans une forme de discrimination entre les Arabo-musulmans dominant le Nord du Soudan et les populations noires et chrétiennes ou animistes du Sud.

Une séparation était, dans ces conditions et alors qu’elle était soutenue par 99 % de la population, a priori inévitable. Cependant elle risque, si elle est mal gérée, de déboucher sur de nouveaux conflits. Le Sud-Soudan, désormais un pays enclavé sans accès direct à la mer, risque d’être un pays relativement faible, en proie aux pressions des pays impérialistes (dont les États-Unis avaient, dans le temps, soutenu la SPLA contre le régime de Khartoum). L’accord entre le Nord et le Sud de l’ancien Soudan prévoyait pour la période de 2005 à 2011 que le futur État méridional – qui concentre environ 80 % des richesses pétrolières du pays anciennement uni – utilise les pipelines, les raffineries et les ports du Nord. Cependant le contenu de l’accord, qui prévoyait aussi que le Nord conserve la moitié du pétrole brut transporté, est maintenant remis en question par le Sud. Celui-ci plaide désormais qu’il est bien prêt à payer une redevance, mais pas de céder 50 %. Un conflit militaire a éclaté, depuis la mi-mai, autour de la zone d’Abyei qui est riche en pétrole, géographiquement plutôt situé dans le Nord – les frontières n’étant pas encore clairement tracées –, mais peuplé par des Sudistes. Le proche avenir est lourd de risques.