Mardi 28 août, l’armée israélienne est entrée une nouvelle fois en Cisjordanie. « Quoi de neuf ? », pourrait-on dire.
Depuis des années les incursions dans les « zones autonomes » palestiniennes sont quotidiennes. Et la guerre menée aux Palestiniens et Palestiniennes en Cisjordanie s’est nettement accélérée depuis le 7 octobre 2023. Depuis cette date plus de 650 PalestinienNEs ont été tués en Cisjordanie par l’armée israélienne ou des colons (protégés, armés et parfois assisté par l’armée).
L’opération la plus importante depuis 2002
Cette fois-ci l’invasion est massive et a touché simultanément plusieurs villes du nord et leurs camps de réfugiéEs dont Tubas, Tulkarem et Jénine, bastion de la résistance à l’occupation. Son ampleur est inédite : elle mobilise des hélicoptères de combat, des milliers de soldats, des chars, des drones et des bulldozers blindés et est prévue pour durer plusieurs semaines. C’est l’opération la plus importante depuis l’opération « Rempart » pendant la Seconde Intifada en 2002, lors de laquelle Israël avait notamment envahi Ramallah et encerclé le quartier général de Yasser Arafat. L’opération militaire s’accompagne de l’encerclement des hôpitaux et de la détention de leur personnel afin d’empêcher les secours de s’organiser et les ambulances de circuler, et de la destruction des infrastructures permettant la vie quotidienne. Israël Katz, ministre des Affaires étrangères, a exhorté sur X à agir en Cisjordanie « avec la même détermination qu’à Gaza »...
Et cette invasion accompagne, dans les faits, une annexion toujours plus grande de la Cisjordanie, qui progresse également en droit : depuis le 7 octobre une grande partie de la souveraineté militaire sur la Cisjordanie a été transférée à un gouvernement civil intégré au ministère des Finances (dirigé par Bezalel Smotrich) de l’administration israélienne. Dans le même temps, Israël a opéré en 2024 le plus grand accaparement de terres jamais réalisé depuis les accords d’Oslo en 1993 en transformant près de 2 500 hectares de terres palestiniennes en terres « d’État » ouvrant la possibilité de les attribuer à des colons.
Recolonisation complète de la Palestine historique
Cette extension du front du génocide par Israël avec la complicité des États-Unis et leurs alliés, dont la France, montre que, pour cet État, il n’y a pas de paix envisageable avec les PalestinienNEs sans leur élimination, leur déplacement et la recolonisation complète de la Palestine historique. Face à cette situation la responsabilité du mouvement de solidarité est immense. Au-delà d’affirmer notre soutien avec la résistance et de continuer à œuvrer pour que des sanctions soient imposées, nous avons besoin de penser les tâches du mouvement dans le temps long : la guerre va durer, Israël y joue sa survie en tant qu’État d’apartheid. Ce qui nous impose de réfléchir aux moyens pour enraciner et structurer davantage la mobilisation. Les manifestations du dimanche 8 septembre sont notre prochain rendez-vous !
William Donaura