Publié le Vendredi 14 mai 2021 à 14h51.

Israël, les PalestinienEs, les appels au « calme », l’oppression coloniale

Le 10 mai dernier, en fin de journée, des groupes armés palestiniens, principalement liés au Hamas, ont tiré plusieurs centaines de roquettes depuis la bande de Gaza. Le matin de ce même 10 mai, les forces armées israéliennes étaient brutalement intervenues sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem (500 blesséEs) et le Hamas avait menacé de tirer des roquettes si lesdites forces armées ne se retiraient pas de l’esplanade — elles sont restées.

Depuis on ne cesse d’entendre des appels au « calme », comme dans ce communiqué du ministère des Affaires étrangères français qui « appelle l’ensemble des acteurs à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute provocation pour permettre un retour au calme dans les plus brefs délais. » En clair, il faudrait revenir à la situation antérieure au 10 mai.

Le « calme », vraiment ? 

Quelques chiffres pour illustrer le « calme » auquel certains se réfèrent :

Entre le 1er janvier 2019 et le 10 mai 2021, 167 PalestinienEs ont été tués par les forces armées israéliennes (contre 12 IsraélienEs tués).

Entre le 1er janvier 2019 et le 10 mai 2021, 330 logements palestiniens ont été détruits par Israël, ce qui a mis près de 1200 personnes à la rue, dont 50% d’enfants.

Entre le 1er janvier 2019 et le 10 mai 2021, plus de 11 500 PalestinienEs ont été arrêtés par Israël, dont plus de 1500 mineurEs.

Entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2021, le nombre de colons juifs en Cisjordanie est passé d’environ 438 000 à environ 475 000 (soit une augmentation de 8,5%). En incluant les colons de « Jérusalem-Est » (environ 230 000), la barre des 700 000 a donc été franchie.

Entre le 1er janvier 2019 et le 1er avril 2021, plus de 1200 attaques ont été perpétrées par des colons contre des PalestinienEs et/ou contre leurs biens (magasins, champs, etc.). Soit plus d’une par jour en moyenne.

Ce qu’illustrent ces chiffres, que l’on pourrait multiplier, c’est la situation que vivent au quotidien les PalestinienEs, faite de violences, d’expulsions, d’arrestations, de dépossession.

Et au-delà des chiffres, on pourrait aussi parler des contrôles quotidiens au checkpoint pour quiconque veut/doit se déplacer, des humiliations infligées sur lesdits checkpoints, de l’omniprésence de l’armée israélienne, destinée à rappeler qui est le maître.

Des contrôles quotidiens qui matérialisent l’absence totale de liberté de mouvement, laissée au bon vouloir des autorités israéliennes qui peuvent chaque jour arbitrairement changer les règles et interdire de déplacement n’importe qui.

Sans oublier le blocus de la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 15 ans, avec deux millions de personnes enfermées dans un territoire de 365 km2, dont plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté et 80% dépendent de l’aide alimentaire.

Sans oublier les discriminations institutionnalisées contre les PalestinienEs d’Israël et les PalestinienEs de Jérusalem, à propos desquels plusieurs ONG, donc Human Rights Watch, parlent désormais de « crime d’apartheid » — au même titre que les PalestinienEs de Cisjordanie et de Gaza.

Sans oublier les millions de réfugiéEs palestiniens à qui Israël interdit de revenir sur leurs terres alors que, dans le même temps, les Juifs et Juives du monde entier sont régulièrement appelés à venir s’installer en Israël, à Jérusalem et en Cisjordanie.

Voilà ce qu’ils appellent le « calme ».

Cela s’appelle en réalité l’oppression coloniale.

Et c’est contre cette oppression que les PalestinienEs se révoltent, pour rappeler au monde qu’ils et elles ont des droits et qu’ils et elles n’ont pas l’intention d’y renoncer.

Ils et elles méritent tout notre soutien, tandis que les tenants du « calme » colonial ne méritent rien d'autre que notre mépris.

PS : Les divers chiffres viennent de B'Tselem (ONG israélienne), du Palestinian Prisoners Club (ONG palestinienne) de l'OCHA (département de l'ONU), du PCBS (bureau central des statistiques palestinien) et du CBS (bureau central des statistiques israélien).