Publié le Vendredi 7 février 2025 à 08h00.

Jénine en feu, le soutien au peuple palestinien continue

L’armée israélienne continue l’occupation du camp de réfugiéEs de Jénine. Avec l’aide de l’Autorité palestinienne, Israël détruit méthodiquement des quartiers, des infrastructures et assassine la population. 

Lundi 3 février, l’armée israélienne à fait exploser simultanément 20 immeubles. Ces destructions sont totalement inédites en Cisjordanie occupée, l’armée israélienne n’y avait jamais osé ce type d’attaques au 21e siècle.

90 % des réfugiéEs de Jénine évacuéEs

L’attaque de grande envergure concerne Jénine, mais depuis elle a été étendue à Tulkarem et Tubas, également situées dans le nord de la Cisjordanie. À Tulkarem, les forces israéliennes ont continué à démolir des maisons dans le camp de réfugiéEs et d’autres infrastructures de la ville, y compris les escaliers extérieurs du Palais de justice. À Tubas, les forces israéliennes ont mené un raid sur le camp de réfugiéEs de Faraa et arrêté plusieurs PalestinienNEs, tandis que dans la ville voisine de Tammoun, les soldats israéliens ont forcé les habitantEs à quitter les environs de la localité. Toujours à Tammoun, les forces israéliennes ont tué 10 PalestinienNEs lors d’une frappe aérienne jeudi dernier, un bilan qui constitue le plus lourd jamais enregistré pour une seule frappe en Cisjordanie jusqu’à présent.

Le ministre de la Guerre Katz a indiqué que les zones occupées par l’armée ne seraient pas ­rendues. Donc en pratique l’armée israélienne occupe et a évacué 90 % des habitantEs du camp de réfugiéEs de Jénine et 70 % de celui de Tulkarem 1. En plus des démolitions massives héritées de l’agression sur Gaza, il s’agit d’un changement de ­doctrine de la part de l’État Israélien. 

L’extrême droite israélienne ne baisse pas la garde

En effet, Netanyahou doit composer avec son aile d’extrême droite, et sa majorité ne tient qu’à un fil : celui tenu par le député fasciste Smotrich qui souhaite la conquête de la Cisjordanie et la fin du cessez-le-feu à Gaza à la suite de la première phase. Benyamin Nétanyahou doit se rendre à Washington — ce qui sera donc la première visite d’État aux États-Unis depuis la nomination de Trump. Il vient y défendre la reprise du génocide à Gaza pour « éradiquer le Hamas ». Les images des libérations de « prisonnierEs » — beaucoup de personnes jeunes enfermées sans jugement mais aussi de résistantEs palestinienNEs — sont un camouflet pour le régime israélien. Les combattants du Hamas organisant la libération des otages sont un sujet d’énervement important pour l’opinion israélienne. Comme le sont les scènes de retrouvailles entre les prisonnierEs libéréEs et leur famille. À tel point que celles-ci sont devenues interdites et réprimées par la police avec ­notamment des gaz lacrymogènes. 

Avenir incertain à Gaza

Il est donc pour l’instant possible que le génocide reprenne alors que les images de retour continuent d’arriver : réinstallation de l’électricité, déblayage, etc. L’avenir de Gaza est toujours incertain, puisque suspendu aux politiques de Trump. Celui-ci défend à la fois le « nettoyage » de Gaza en essayant de forcer le déplacement de 1 million et demi de GazaouiEs vers l’Égypte ou la Jordanie (après avoir proposé l’Indonésie et l’Albanie). Mais également en maintenant la pression sur Benyamin Nétanyahou pour que le cessez-le-feu soit permanent. 

Pour la première solution, il faudrait une pression incroyablement forte pour forcer l’Égypte a accepter la population de Gaza, tant cela mettrait en danger la dictature de Sissi. Pour la réalité du cessez-le-feu, Trump a ré-­autorisé la livraison de bombes d’une tonne. Il a aussi ordonné l’expulsion d’étudiantEs étrangerEs qui ont participé l’an dernier au mouvement de soutien à Gaza.

Le fait est que la situation de cessez-le-feu ne doit pas être un prétexte pour faiblir sur la mobilisation : même si les convois humanitaires ont repris, la situation est toujours catastrophique à Gaza. En termes de mobilisations, le focus doit se déplacer sur la Cisjordanie. L’invasion et l’accélération des attaques des colons, le blocage des routes et l’augmentation drastique des barrages routiers. La vie des PalestinienNEs est un enfer. Nous devons les soutenir.

Édouard Soulier

 

  • 1. Quassam Muaddi, « Dans le cadre de l’offensive en Cisjordanie, Israël procède à la plus grande démolition depuis des années », Mondoweiss, 3 février 2025.