Les résistantEs de Kobané ont repoussé dimanche 26 octobre la quatrième attaque des troupes réactionnaires et fascistes de l’État Islamique (EI/Daesh). Ils ont défendu le seul point frontalier avec la Turquie qui est resté libre aux mains des unités de la protection du peuple kurde (YPG).
Les YPG et les bataillons arabes de Kobané ont libéré aussi quelques quartiers à l’est de la ville et repoussé les attaques de Daesh à l’ouest et au sud. La situation militaire aurait un peu évolué en faveur des forces kurdes et arabes qui défendent la ville, mais Daesh mobilise ses forces des autres régions, comme celle au nord d’Alep, vers Kobané, pour tenter d’écraser sa résistance héroïque, sans toutefois y parvenir.Contrairement aux allégations martelées par les médias, les raids aériens de la coalition internationale dirigée par les USA n’ont stoppé l’offensive de Daesh ni en Syrie ni en Irak. Les officiers de l’armée américaine eux-mêmes décrivent ces bombardements comme une « bruine» ! Les Américains avaient effectué, jusqu’au milieu de la semaine dernière, 300 raids aériens en Irak et 200 raids en Syrie, contre 100 pour leurs alliés, dans la même période.Un centre d’études stratégiques américain a publié un tableau comparatif des guerres déclenchées depuis 1990 par des coalitions dirigées par l’impérialisme américain, révélateur de la volonté américaine de laisser durer dans le temps sa « guerre » contre Daesh, pour lui permettre de rétablir son hégémonie au Moyen-Orient. Ainsi la deuxième guerre du Golfe (1991) a duré 43 jours, 1 100 raids aériens en moyenne par jour ; la guerre contre la Serbie (1999) a duré 78 jours, 138 raids aériens en moyenne par jour ; la guerre en Afghanistan (2001) a duré 75 jours, 86 raids aériens en moyenne par jour ; la guerre contre l’Irak (2003) a duré 31 jours, 800 raids aériens en moyenne par jour. La guerre contre Daesh dure depuis plus de 75 jours, avec seulement sept raids aériens en moyenne par jour...
Ne compter que sur ses propres forces...Mais cette coalition n’est pas seulement inefficace : elle n’est pas une force de libération des peuples kurdes ou arabes en Syrie ou en Irak. La coalition internationale est traversée de contradictions et, de l’aveu même du vice-président américain Biden, comprend des partenaires comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie, accusés de financer et de soutenir les groupes djihadistes les plus réactionnaires.Piliers de la contre-révolution dans la région, ces gouvernements ne sauraient être des libérateurs des peuples en lutte pour leur émancipation. Ainsi, le gouvernement turc qualifie le PYD d’organisation « terroriste », empêche l’acheminement des aides, armes et combattants kurdes et arabes à travers ses frontières pour joindre Kobané. Il a tout tenté pour faire passer de 200 à 150 le nombre de peshmergas, des combattantEs venus de la province kurde d’Irak autorisés à rejoindre Kobané, peshmergas qui ne sont toujours pas arrivés dans la ville. Ce même gouvernement tente aussi d’imposer des bataillons islamiques aux 1 300 combattantEs des bataillons démocratiques de l’Armée syrienne libre (dont font partie des combattantEs des Factions de la libération du peuple du Courant de la gauche révolutionnaire).Par leurs expériences de lutte pour la liberté et la démocratie, les peuples kurdes et arabes ont appris à ne compter que sur leurs propres forces, et surtout sur les luttes communes contre leurs oppresseurs communs. Cela exige une mobilisation internationale pour Kobané et pour toutes les forces démocratiques et progressistes en Syrie.
Ghayath Naisse