Dans les grands médias, on parle de « flambée de violences ». Dans la réalité, il s’agit d’un énième rappel à l’ordre de l’armée israélienne : la population de Gaza doit accepter de mourir à petit feu, en silence ; dans le cas contraire, des bombardements aériens meurtriers auront immanquablement lieu.
Il serait vain d’essayer d’établir la chronologie des récents événements, comme s’y sont essayés maladroitement nombre de chaînes ou de sites d’information, en tentant de savoir qui avait tiré le premier lors de l’épisode de violence armée du week-end des 4 et 5 mai, qui s’est soldé par la mort de 4 IsraélienEs et de 27 PalestinienEs. Car ce petit jeu malsain a pour conséquence inévitable de gommer le contexte général dans lequel ces affrontements armés se sont déroulés, en les considérant comme un coup de tonnerre dans un ciel presque serein.
Scandale politique et humanitaire
Car une fois de plus, la situation de la bande de Gaza est reléguée au second plan, alors qu’elle demeure, avec le blocus illégal et inhumain imposé aux 2 millions de GazaouiEs, l’un des principaux scandales politiques et humanitaires au monde. « La situation économique et sociale à Gaza est en déclin depuis plus d’une décennie, mais elle s’est détériorée de façon exponentielle ces derniers mois pour atteindre un point critique. La frustration accrue alimente les tensions croissantes qui ont déjà commencé à se transformer en troubles et à retarder le développement humain de l’importante population de jeunes dans la région »: ainsi s’exprimait, en septembre 2018, la Banque mondiale, peu suspecte de sympathies pro-palestiniennes, dans un rapport qui, comme les précédents, a dû être remisé dans les tiroirs des chancelleries occidentales…
Si un cessez-le-feu de facto semble avoir été obtenu, suite à une médiation de l’Égypte et parce que Netanyahou ne pouvait guère assumer une offensive plus violente, quelques jours avant les célébrations de l’anniversaire d’Israël et deux semaines avant l’Eurovision, nul doute que d’autres épisodes du même type se produiront à l’avenir. A fortiori au vu des résultats des dernières élections israéliennes et de la future coalition qui gouvernera le pays. Bezalel Smotrich, leader du parti Tkuma qui devrait entrer au gouvernement, a ainsi écrit sur Twitter que « les combats à Gaza auraient dû s’achever avec sept cent terroristes morts, un pour chaque missile lancé ». Des déclarations guerrières qui ne peuvent qu’inquiéter quant à l’avenir de la population gazaouie, à laquelle nous apportons toute notre solidarité.
Julien Salingue