Ce jeudi 30 juin se tiendra à Toulouse le procès de 4 militantEs de la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions). Nous avons rencontré Bernard, l’un des mis en examen.
Quelle place a ce procès dans la criminalisation de la campagne BDS ?
C’est le premier procès après l’arrêté de la Cour de cassation. Il prend donc une valeur de test sur un dossier complètement vide (deux distributions de tracts sur la voie publique). Nous pourrons mesurer jusqu’où le ministère public est prêt à aller dans la criminalisation de la campagne BDS et l’attaque contre la liberté d’expression. Après « Charlie », certainEs ont pensé que la défense de cette liberté serait sacro-sainte. Il n’en est rien : la France est le seul pays (avec Israël), où l’appel au boycott peut être sanctionné. Le gouvernement israélien consacre des millions de dollars contre BDS, considéré comme une « menace stratégique ». C’est la preuve de l’impact grandissant de cette campagne citoyenne. Élément nouveau pour ce procès, l’arrivée de la LICRA comme partie civile pour tenter, une fois de plus, de faire l’amalgame entre critique de la politique de l’État d’Israël et antisémitisme...
Pourquoi à Toulouse ?
Il existe depuis les crimes de Merah un traumatisme tout à fait réel dans la « communauté » juive. L’émotion légitime après les meurtres de l’école juive est instrumentalisée par le CRIF et l’extrême droite pro-israélienne qui cherchent à assimiler toute critique d’Israël, en particulier la campagne BDS, à de l’antisémitisme. Depuis deux ans, au fur et à mesure du développement de l’action BDS, les attaques se sont multipliées : agressions physiques, menaces, saccage de locaux (cinéma Utopia et local d’EÉLV), tentative de la mairie d’interdictions de réunion publique, et aujourd’hui, à quinze jours du procès, les adresses mail des inculpéEs et de membres du comité de soutien envahies par une prétendue « brigade juive » qui cherche à déstabiliser le soutien et à isoler les inculpéEs. Bref, fort du soutien du gouvernement, le camp sioniste multiplie les provocations.
Cerise sur le gâteau, le rôle de Moudenc, maire de la ville. Celui-ci, après la mairie de Paris, a fait voter un vœu dont l’objectif explicite est de priver de salles le mouvement BDS. Le comité de soutien, par le biais d’Attac, vient de remporter une victoire qui, nous l’espérons, ne sera que la première. Les conclusions de l’ordonnance du tribunal administratif du 30 mai 2016 « enjoignant au maire de Toulouse de permettre la tenue de notre réunion publique » sont des plus claires « Considérant qu’il résulte de ce qui précède qu’en prenant la décision attaquée, le maire de Toulouse a porté, dans l’exercice de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté fondamentale de réunion... ».
Dans ce contexte, où en est le soutien aux inculpéEs ?
Malgré les pressions et le chantage à l’antisémitisme, le comité de soutien, qui comprend 55 organisations, tient bon. Nous appelons à une mobilisation le jour du procès le 30 juin à partir de 13 heures devant le tribunal. Nous avons des soutiens de toute la France, des délégations qui ont annoncé leur présence. Une chose est sûre : la multiplication des provocations, si elle est usante, n’entame pas notre détermination. Elle prouve la justesse et l’efficacité de la campagne BDS, qui durera tant que justice ne sera pas rendue au peuple palestinien. Non décidément, ils ne nous feront pas taire !
Propos recueillis par correspondante
Un procès coûte cher : chèques à l’ordre de BDS France Toulouse (mention « procès » au dos) à adresser à : CASC – BDS France Toulouse, 10 bis rue du Colonel-Driant, 31400 Toulouse. Messages de solidarité aussi bienvenus...