Publié le Mercredi 28 octobre 2020 à 09h26.

La deuxième vague libérale en Belgique nous mène droit dans le mur

Nous y (re)voilà. La 2e vague de l’épidémie était attendue pour cet automne. La politique libérale a largement amplifié le problème. Les centres de tests sont désormais saturés, nous en sommes déjà à plus de 4 000 personnes hospitalisées et près de 50 décès par jour.

De Croo [Premier ministre] et Vandenbroucke [vice-Premier ministre], qui veulent donner l’image des capitaines sur le bateau, ainsi que plusieurs virologues, nous ont asséné qu’il fallait prendre des mesures plus contraignantes parce que « les gens » n’avaient pas suffisamment respecté les mesures et gestes de protection.

Un relâchement venu d’en haut

Il existe probablement une part de comportements dangereux et non-respectueux qui se retrouve dans toutes les couches de la population, fruit pourri de décennies d’endoctrinement… libéral et de « loi du plus fort ». Mais en vérité, c’est le fondement même de la politique gouvernementale qui nous a menés de façon prévisible dans la situation actuelle : d’abord le déconfinement s’est fait alors que le nombre de cas n’était pas descendu suffisamment bas et que les capacités de tests n’étaient pas assez développées. Ensuite, la première reprise de mi-juillet à fin août a pu être freinée mais à nouveau avec un plancher de plus de 400 cas par jour au retour des congés et au moment d’entamer la rentrée scolaire et le retour généralisé au travail. Le système de tests a vu ses capacités réduites pendant l’été puis ré-augmentées trop tard, prouvant une fois encore l’incapacité court-termiste libérale à respecter le principe de précaution.

Ajoutons à ça les mesures ultra-contraignantes – déjà à l’époque incomparablement plus que les mesures prises dans les entreprises – les zigzags des autorités et puis la propagande des anti-masques et autres complotistes : tout ça a joué à fond cet été pour décrédibiliser les consignes.

Le coup de grâce fut le signal envoyé par... le gouvernement et le Conseil national de sécurité du 23 septembre, avec l’assouplissement des mesures, notamment la réduction de la quarantaine à une semaine, dont la justification avouée était déjà la nécessité « économique » (patronale), alors que l’épidémie était repartie à la hausse. La paralysie des négociations gouvernementales due à la crise du régime politique belge a fait encore perdre trois précieuses semaines à un moment critique, alors que la rentrée des classes et le retour massif au travail commençaient à faire sentir pleinement leurs effets.

Cinq questions incontournables

Transparence ? La plupart des rapports des experts, qui servent à justifier les mesures décidées, sont confidentiels. On voudrait favoriser le complotisme qu’on ne ferait pas mieux.

Crédibilité ? N’en parlons pas : en mars encore De Block [alors ministre de la Santé] parlait d’une « petite grippe », et elle a pu néanmoins rester en poste jusque début octobre…

Rationalité ? Efficacité ? En dépit des demandes de nombreux scientifiques, Sciensano [l’Institut scientifique de santé publique] refuse obstinément de collecter et de diffuser l’information sur la répartition de l’épidémie par catégorie socio-professionnelle, qui est pourtant un indicateur important d’une politique fine de gestion de l’épidémie.

Capacité d’aller au fond des choses, dans une perspective de long terme ? Pour cela, il faudrait prendre à bras-le-corps le fait établi que la multiplication des zoonoses est un produit des destructions d’écosystèmes sauvages, et que la dissémination des virus est facilitée par la globalisation capitaliste, des transports notamment. En dépit des avertissements de l’OMS notamment, tous les gouvernements balaient cette réalité sous le tapis.

Quant à la démocratie et à la justice sociale, n’en parlons pas. Décidé en catastrophe après des tergiversations aux conséquences meurtrières, le confinement de mars avait été décrété de façon linéaire, comme si rester enfermés avec des enfants dans un appartement de 50 m² était équivalent au confinement dans une villa quatre façades. Et les comités d’experts ont été conçus sur mesure pour mettre à l’écart les organisations syndicales, tandis que les patrons y étaient dûment représentés.

Version intégrale sur le site de la Gauche anticapitaliste (Belgique) : https://www.gaucheantica…