Publié le Samedi 28 novembre 2009 à 15h21.

La fin des affaires ?

Les condamnations prononcées à l’issue du procès de l’Angolagate ont surpris tout le monde, à commencer, semble-t-il, par le pouvoir politique, tant toute cette affaire, comme le procès Elf avant elle, était marquée par le sceau de la raison d’Etat. Si on ne peut que se féliciter de cette entorse faite à la longue tradition d’impunité en matière de trafics d’armes et de magouilles pétrolières, il faut quand même noter que les peines sont restées très mesurées au regard de la gravité des faits, qu’entre l’appel et la cassation, sans oublier la jurisprudence «Papon» des libérations pour «raisons de santé» qui avait déjà bénéficié aux condamnés de l’affaire Elf, il y a peu de chance de voir un Pasqua croupir en prison.

Nulle doute en tout cas que cela ne fera que renforcer la détermination de Sarkozy à «réformer» la justice, pourtant déjà passablement timorée, et à faire disparaître les juges d’instructions, relativement indépendants, au profit du renforcement des prérogatives du parquet, aux ordres du pouvoir politique, en matière d’enquête. Avec le renforcement du «secret défense», désormais étendu à des lieux stratégiques et non plus simplement à des documents, c’est à une véritable opération de bunkérisation que l’on assiste, au profit des pratiques politico-militaro- maffieuses de la Ve république.

Il y a quelques mois, le statut des militaires en opération extérieure avait également fait l’objet de modifications importantes. Jusqu’à présent, hors déclaration officielle de guerre, les soldats en Opex n’avaient – théoriquement – le droit de faire usage de leurs armes qu’en cas de légitime défense. Ils peuvent désormais légalement recourir à la force et provoquer la mort, même en l’absence de danger immédiat, dans le cadre de leurs missions, sans risquer de se voir poursuivis devant le Tribunal aux armées de Paris, lequel semble par ailleurs avoir été mis au pas avec le départ des magistrates les plus déterminées.

Ainsi, concernant les basses œuvres de la Françafrique, l’impunité judiciaire est-elle garantie du haut en bas de la chaîne hiérarchique. Du moins tant que ce régime n’aura pas été mis à mal par un mouvement d’opposition radical et déterminé à en finir avec les «affaires» françafricaines.

Robin Guébois