La décision de Vladimir Poutine de lancer une guerre totale contre l’Ukraine a été un cadeau pour le président étatsunien Joseph Biden, pour la classe dirigeante étatsunienne et pour ses ambitions impériales.
L’invasion de Poutine a permis au président, pour la première fois depuis des années, d’unir Démocrates et les Républicains ; aujourd’hui, ils sont rassemblés dans leur opposition à la guerre russe contre l’Ukraine. La guerre a également permis à Biden de prendre l’initiative et de rassembler les alliés européens de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan). Comme il l’a clairement indiqué depuis son entrée en fonction, les États-Unis ont besoin de leurs alliés européens pour atteindre leur objectif principal, qui est de se confronter à la Chine, et, du moins pour le moment, ils marquent des points.
« La politique s’arrête au bord de l’eau »
L’ancien président Donald Trump, chef du Parti républicain qui avait initialement loué le président russe Vladimir Poutine pour son « génie » et sa « sagacité », s’est retrouvé isolé dans son parti. Il a donc été contraint de modifier sa position. Lors de la réunion de la Conservative Political Action Conference en Floride le 26 février, Trump a fait l’éloge du président ukrainien Volodymyr Zelenskiy, le qualifiant de « courageux » pour être resté à Kiev, la capitale. Et il a déclaré : « L’attaque russe contre l’Ukraine est épouvantable. Nous prions pour le peuple fier de l’Ukraine. Que Dieu les bénisse tous ».
À la gauche du Parti démocrate, le sénateur Bernie Sanders s’est également prononcé en faveur de la position de M. Biden. « L’invasion russe de l’Ukraine à laquelle le monde assiste aujourd’hui est une violation flagrante du droit international et de la décence humaine élémentaire », a déclaré Sanders. « Elle pourrait bien tuer des milliers de personnes et en déplacer des millions. Elle pourrait plonger l’Europe dans une instabilité économique et politique à long terme.... Les États-Unis et leurs alliés doivent imposer des sanctions sévères à Vladimir Poutine et à ses collègues oligarques. » Sanders a également appelé à la solidarité avec les manifestantEs antiguerre russes et à l’aide humanitaire pour l’Ukraine.
Le Congrès semble être uni pour adopter des sanctions contre Poutine et les institutions économiques de la Russie ; certains Démocrates et certains Républicains demandant des sanctions plus nombreuses et plus fortes que celles proposées par Biden. Biden semble rassembler les politiciens autour du vieux slogan de la guerre froide énoncé pour la première fois par le sénateur Arthur Vandenberg en 1947 : « La politique s’arrête au bord de l’eau », ce qui signifie que s’ils peuvent se disputer sur la politique intérieure, ils sont unis sur les objectifs de politique étrangère.
Une gauche divisée
Si Biden a tiré le meilleur parti de l’invasion de l’Ukraine par Poutine, de nouveaux éléments sont apparus dans le paysage international. Le 4 février, à la suite d’une rencontre entre Poutine et le dirigeant chinois, Xi Jinping a publié une déclaration annonçant des accords commerciaux et énergétiques, affirmant qu’il n’y avait «aucune limite» à l’amitié entre leurs nations. La Chine a soutenu Poutine jusqu’à ce que les troupes russes franchissent la frontière ukrainienne.
Cependant, depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, la Chine s’est montrée plus prudente, hésitant à approuver pleinement la guerre de Poutine. Lors d’un appel téléphonique avec Sergeï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a été évasif et ambigu, déclarant : « La Chine respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale de chaque pays. Dans le même temps, nous constatons que le problème ukrainien a un caractère historique complexe et particulier et nous comprenons la préoccupation raisonnable de la Russie sur les questions de sécurité. » Wang a rejeté une « mentalité de guerre froide » et a appelé au « dialogue et à la négociation. »
Les relations commerciales et financières avec la Chine seront importantes pour Poutine dans le nouveau contexte de sanctions contre la Russie, mais il se peut qu’il n’ait pas une alliance aussi ferme qu’il le souhaite, ce qui est un soulagement pour Biden.
La gauche étatsunienne est profondément divisée sur la guerre russe contre l’Ukraine. De nombreux membres de la gauche ne veulent que condamner les États-Unis et l’Otan, mais refusent de dire un mot contre Poutine, certains exprimant même de la sympathie pour lui. Les Socialistes démocratiques d’Amérique (DSA), en revanche, ont condamné la guerre russe contre l’Ukraine tout en s’opposant aux États-Unis et à l’Otan. C’est sur une telle base qu’un nouveau mouvement antiguerre devrait être construit en solidarité avec le peuple ukrainien et les militantEs antiguerre russes.