Publié le Dimanche 18 avril 2021 à 18h38.

La Guyane à la veille d’un nouveau pic de contamination et de décès

En Guyane, la situation se dégrade face aux variants brésiliens du coronavirus, mais l’administration s’enferre dans une gestion coloniale et mortifère de la crise.

On nous annonce que le variant brésilien est dangereux et massivement présent, avec 85% des tests positifs qui le sont au variant brésilien et 15 % au variant britannique, la souche initiale ayant quasiment disparu. On ne sait pas quelle sera l’ampleur de la vague, si elle sera similaire ou pas au Brésil voisin. Mais les capacités des hôpitaux sont faibles et la capacité en réserve sanitaire est quasi inexistante pour pouvoir gérer des lits de réanimation. La réserve sanitaire en France hexagonale est totalement mobilisée donc il n’y pas de coup de main à attendre de ce côté.

Aucune anticipation

Le variant brésilien, on l’a vu arriver de loin, mais les autorités ont été très laxistes sur la gestion des frontières terrestres et aériennes. À aucun moment il n’y a eu de mise en place de septaine dans des lieux dédiés ou contrôlés. Cela a permis au variant britannique de s’installer. Avec les frontières terrestres, il y a la même problématique : il était facile, selon divers témoignages, de passer les frontières avec le Brésil ou le Surinam, sans la moindre mesure de protection.

Selon la gendarmerie, il y a 8.600 environ travailleurs clandestins issue du Brésil qui travaillent dans la forêt de Guyane et viennent s’alimenter en gasoil ou en denrées sur les côtes. Le variant brésilien s’est ainsi bien installé sans que les autorités aient fait quoi que ce soit.

L’ouverture des écoles, sans scrupules

Mais ce n’est pas tout : la directrice de l’ARS explique que malgré la présence de ces variants, malgré le fait que la vague soit toujours en accélération – on a dépassé les 150 cas pour 100.000 habitantEs, 300 pour 100.000 sur l’île de Cayenne- la rentrée sera maintenu lundi 19 avril, coûte que coûte. Aucun projet de rentrée en distanciel n’a été pensé. La rentrée pourra donc se faire avec 30 gamins par classe, par 30° C, sans ventilation ni climatisation. Il faut imaginer ce que donnera le port du masque dans ces conditions. L’administration refuse de se préoccuper de l’accélération épidémique que cela pourrait créer. 

Au contraire, l’ARS explique que les enfants prendraient moins de risque à l’école que chez eux car il n’auraient pas de masque à la maison. Mais en réalité, à l’école, compte-rendu du contexte social, des coûts, les enfants ne gardent pas leurs masques en récréation, et globalement l’usage du masque est très aléatoire. D’ailleurs depuis le mois d’octobre dernier pas moins de 34 clusters ont été identifiés dans les établissements scolaires, soit près de la moitié des clusters identifiés en Guyane.

 

On fait donc face à une parfaite gestion coloniale de la situation sanitaire en Guyane. Faire la rentrée coûte de coûte, alors que le recteur n’a jamais mis en place la moindre mesure permettant d’avoir une école à distance. Ici, la fracture numérique est très importante : une part importante de la population n’a pas le téléphone alors encore moins d’internet !

Ici, le taux de vaccination est très faible, autour de 5%. Il y a une défiance très forte vis-à-vis du vaccin, une défiance qui est propre aux colonies où il y a une méfiance importante vis-à-vis des médecines occidentales. Au lieu de fermer une semaine supplémentaire comme en France, on ouvre les écoles, on fait un grand brassage et on comptera les morts.