Le bombardement de l’Iran par Israël le 26 octobre, en réponse au tir de 300 missiles par l’Iran sur Israël au début du mois d’octobre, représente une extension des guerres d’Israël à Gaza et au Liban, menace d’un conflit régional et soulève l’effrayante perspective d’impliquer le partenaire d’Israël, les États-Unis, et éventuellement l’allié de l’Iran, la Russie, tous deux des puissances nucléaires.
Les contradictions des deux candidatEs vis-à-vis d’Israël et de l’Iran
Le conflit est désormais un enjeu de l’élection présidentielle américaine. La vice-présidente Kamala Harris est une fois de plus mise à l’épreuve sur son soutien indéfectible à l’engagement de Joe Biden en faveur d’Israël. Tandis que Donald Trump a l’occasion de fustiger l’administration Biden-Harris pour ses échecs en matière de politique étrangère. Trump et Harris considèrent tous deux l’Iran comme un ennemi d’Israël et des États-Unis, et Trump, qui a toujours été très hostile à l’Iran (il a en particulier dénoncé le traité nucléaire conclu par Obama) a une animosité renforcée contre ce pays depuis que les services de renseignement américains l’ont informé que l’Iran projetterait de l’assassiner.
Après le bombardement de Téhéran par Israël, Kamala Harris a déclaré une fois de plus : « Nous maintenons l’importance de soutenir le droit d’Israël à se défendre », et elle a ajouté : « Nous sommes également très catégoriques sur le fait que nous devons assister à une désescalade dans la région à l’avenir, et c’est ce sur quoi nous nous concentrerons ». Cela rejoint la position antérieure de Biden-Harris, qui soutenait le droit d’Israël à faire la guerre au Hamas à Gaza, mais appelait à un cessez-le-feu dans cette région et plus tard au Liban, tout en ne prenant aucune mesure pour l’obtenir.
Quant à Trump, il a dit au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou au début du mois : « Faites ce que vous avez à faire ». Trump a communiqué régulièrement avec Netanyahou, et Biden a exprimé sa crainte que Trump ne nuise aux efforts diplomatiques déployés par les États-Unis pour empêcher l’extension du conflit. Pourtant, Trump a également déclaré : « Ils [Israël et l’Iran] sont très proches d’une catastrophe mondiale » et, a-t-il ajouté, « nous avons un président et un vice-président inexistants qui devraient être aux commandes. Mais personne ne sait ce qui se passe ».
En tant que vice-présidente, Kamala Harris a des années d’expérience en matière de politique étrangère, tout comme Trump, mais c’est lui qui affirme qu’il « rendra à l’Amérique sa grandeur », tant à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. L’attrait qu’il exerce en tant qu’homme fort pourrait lui permettre de marquer des points.
La situation éonomique : préoccupation majeure
Pourtant, alors que le débat sur les guerres d’Israël à Gaza, au Liban et maintenant en Iran fait rage dans les cercles de l’élite et parmi certainEs électeurEs, pour la plupart des AméricainEs, la priorité est la situation économique, suivie par l’immigration. Au cours de l’année écoulée, Trump a mené le débat politique d’abord avec Biden, puis avec Harris. Il affirme que l’Amérique est une nation en faillite, que les AméricainEs moyenNEs n’ont pas les moyens de se loger et d’acheter les produits de base. Selon lui, l’immigration constitue une menace existentielle pour la vie et l’identité nationale des États-Unis. Lui et son colistier, le sénateur J.D. Vance, affirment que les immigrantEs apportent le crime, la maladie et « empoisonnent le sang » du peuple américain. Selon eux, les immigrantEs prennent les emplois des AméricainEs, en particulier ceux des NoirEs et des Hispaniques. L’appel de K. Harris en faveur d’une « économie de l’opportunité », c’est-à-dire d’une économie qui offrirait des possibilités à chacunE, n’a pas apaisé les inquiétudes des électeurEs et Harris n’a pas proposé de programme pour la classe ouvrière, comme l’avait suggéré le sénateur Bernie Sanders.
Les affaires internationales — même la perspective d’une guerre régionale — ne peuvent vaincre le désintérêt historique des AméricainEs pour ces questions, du moins tant que les États-Unis ne sont pas directement impliqués et que des vies américaines ne sont pas menacées. La principale chose que les AméricainEs veulent, c’est que les États-Unis soient forts. Quatre-vingts ans de domination économique, politique et militaire des États-Unis à l’échelle mondiale ont conduit les AméricainEs à présumer que les États-Unis sont la « nation indispensable », comme l’ont affirmé des politicienNEs, historienNEs et journalistes. Alors, croiront-ils que Harris ou bien Trump projette la plus grande impression de force et de puissance qu’ils désirent ?
Traduit par Henri Wilno