Dimanche 2 septembre, la Corée du Nord a réalisé son sixième essai nucléaire, le plus puissant à ce jour. Elle affirme avoir testé avec succès une bombe H. Ce petit pays pauvre de 25 millions d’habitantEs, né de la guerre froide quand les USA et l’ex-URSS se partageaient le monde au mépris des peuples, est bien en passe de devenir une puissance nucléaire.
Le dictateur Kim Jong-Un veut que son pays soit reconnu en tant que tel. Il souhaite ainsi consolider son pouvoir dictatorial et absurde, qui s’est perpétué en jouant du conflit entre les blocs et en flattant un nationalisme hostile à la puissance dominante détestée, les USA, qui ont classé en 2003 la Corée du Nord dans l’« axe du Mal ». Il veut aussi faire pression sur la Chine pour qu’elle oblige Washington à le reconnaître comme incontournable.
Sa politique obéit à une folle surenchère qui défie les grandes puissances maîtrisant l’arme nucléaire, en premier lieu les USA.
Une logique folle, mais très rationnelle car elle obéit à la la folle rationalité qui régit les relations internationales, celle du rapport de forces.
C’est à la même folle rationalité qu’obéit la folie symétrique de Trump et du Pentagone qui se sont engagés dans une escalade de sanctions et de menaces. Début août, à l’occasion d’un tir de missile par la Corée du Nord, Trump avait déclaré : « La Corée du Nord ferait mieux de ne pas renouveler ses menaces contre les États-Unis. Nous y répondrons par le feu et la fureur, avec une puissance comme le monde n’en a jamais vu. » Aujourd’hui Trump menace d’une « réponse militaire massive ». Il se moque éperdument de la paix, lui qui intensifie la guerre en Afghanistan et qui entend, comme ses prédécesseurs, défendre la domination des multinationales états-uniennes dans le monde.
Il la défend en particulier contre la Chine, qu’il voudrait plier à sa propre politique impérialiste en exerçant sur elle un chantage à la guerre.
Le plus probable, à court terme, est que cette folle logique reste contrôlée mais, à plus long terme, les apprentis sorciers qui dirigent le monde pourraient être dépassés par leur poker nucléaire. À moins que les travailleurEs et les peuples n’interviennent pour les mettre hors d’état de nuire.
Yvan Lemaître