L’opération « Consultation-Plébiscite » organisée le dimanche 21 avril par le président équatorien de droite Daniel Noboa, quelques mois après son installation au pouvoir en novembre 2023, n’a pas atteint son objectif.
Pour Noboa, il s’agissait d’obtenir un oui « franc et massif » aux 11 questions posées à la population équatorienne (dont 5 questions-amendements à la Constitution) et, sur la base de cette victoire politique, de s’engager dans la marche à sa réélection en 2025.
Un échec de Noboa, un succès populaire
Si le « oui » s’est imposé sur 9 questions relatives à la sécurité et à la violence, et donc à la militarisation du pays, c’est par un « non » net et clair que la population a répondu aux deux questions relatives aux choix économiques du pays et au droit du travail. Ainsi, le recours aux règles de l’arbitrage international en cas de litige du pays avec les transnationales minières ou pétrolières expertes en cette matière et le retour aux contrats temporaires de travail et au paiement à l’heure ont été refusés. En cela résidait une partie de la manipulation de cette « Consulta popular » : faire cautionner la politique économique et sociale néolibérale aggravée, concentrée dans ces deux questions, noyées au milieu des autres questions sur la sécurité.
Noboa a beau proclamer sa victoire, il a subi un vrai revers pour sa politique économique et sociale néolibérale agressive en faveur de laquelle il s’est engagé dès le début de son mandat auprès du FMI et lors de son déplacement au Canada dans l’assemblée annuelle des principaux investisseurs miniers du monde, pour « réaliser enfin le destin minier de l’Équateur ». À juste titre, les forces très diverses du camp populaire qui ont fait campagne pour le « non » peuvent célébrer cela comme un succès.
Un succès de la manipulation pour Noboa
Cependant, Noboa réussit à asseoir institutionnellement « la militarisation » de la vie quotidienne politique et sociale, ce que, avec la déclaration de « Conflit armé interne » en janvier 2024 et la « déclaration de l’état d’urgence », son gouvernement a mis en place sous prétexte de lutte contre le narcotrafic... En déclarant ainsi la guerre au narcotrafic et à 22 de ses principales bandes armées, il a créé cet état de choc dans la société équatorienne et semblé apporter une réponse aux légitimes inquiétudes populaires, mais aussi une atmosphère de peur et d’insécurité est diffusée, favorisant un climat d’aspiration à l’ordre, de dépendance de la force armée et le besoin d’un sauveur. Malgré le mécontentement provoqué par les mesures sociales d’austérité, il conserve encore 50 % d’opinions favorables et bien sûr le contrôle de l’appareil d’État et l’appui du bloc de la puissance oligarchique.
Une situation tendue et incertaine
Le mouvement populaire organisé sous des formes diverses a exprimé son refus de mesures politiques extractivistes néolibérales prédatrices (voir les soulèvements d’octobre 2019 et de juin 2022 ainsi que les votes négatifs à d’anciennes consultations) par cette majorité de « non » sur deux questions le dimanche 21 avril. À partir du succès des « non », le mouvement populaire doit maintenant partir à la conquête d’une unité plus étroite en unifiant sa solidarité avec les mouvements de résistance contre la politique du gouvernement Noboa et en mettant en discussion une alternative économique, sociale et politique face aux plans néolibéraux. Dans ce cadre, l’appel international à la solidarité lancé par la Conaie et le Frente nacional antiminero doit recevoir l’attention de toutes les forces qui combattent aujourd’hui pour une alternative à la marche accélérée vers le chaos qu’indique l’actualité mondiale…