Nous vivons décidément dans un pays formidable, privilégié, où les pouvoirs politiques et médiatiques continuent au 21e siècle de trouver normal d’envoyer des avions militaires bombarder à 3 500 km des frontières, pour l’occasion en Syrie... Ils prétendent assurer ainsi un droit à la « légitime défense » face à des menaces d’attentats, voire aider à résoudre la crise internationale des réfugiéEs.
Quelle hypocrisie d’un impérialisme qui sous Hollande/Valls reproduit les mêmes vieilles recettes ! Une fois encore, la « puissance » française n’aide pas, mais s’arroge le droit de se substituer à la souveraineté des peuples par des interventions militaires directes, des bombardements, dont on est sûr des résultats contre-productifs profonds : rappel d’un passé colonial honni, « dommages collatéraux » sur les populations, renforcement de la propagande de l’État islamique-Daesh en tant qu’ennemi des grandes puissances coalisées... Et cerise sur le gâteau, la reprise de la coopération avec le tyran de Damas pour l’accès à son espace aérien, voire pour une « solution politique » à son avantage pour laquelle Poutine pèse toujours plus… Alors qu’Assad est bien le premier créateur de réfugiés !
Nous refusons ces aventures militaires aux coûts démesurés, des budgets que l’on ne trouve pas pour les interventions civiles d’urgence (l’aide internationale a diminué de moitié pour les camps de réfugiés syriens)... Pour l’État français, c’est une stratégie de gesticulation martiale et de promotion de l’industrie de la mort vendue aux pires oppresseurs de la région, et le triste jeu diplomatico-militaire qui se renoue entre les puissances mondiales et régionales, de la Syrie à l’ONU, entre les États-Unis et la Russie, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Turquie. Un jeu cynique qui se fait sans et contre les populations du Moyen-Orient, Syriens, Irakiens, Kurdes, Libanais, Palestiniens…
Quant aux centaines de milliers de réfugiéEs qui fuient la Syrie, comme d’autres guerres et répressions de masse, leur accueil et leur protection sont une obligation selon les conventions internationales. Cette obligation ne peut être soumise à quotas, tris sociaux, substitutions sordides aux migrantEs qui fuient d’autres oppressions, d’autres crises, économiques ou climatiques, produits d’une mondialisation destructrice. Notre responsabilité, la solidarité pleine et entière entre celles et ceux qui luttent contre toutes les oppressions, comme avec celles et ceux qui les fuient.
Jacques Babel