Publié le Lundi 6 septembre 2021 à 16h18.

L’exemple kanak nous montre que la meilleure arme contre le Covid dans les colonies françaises, c’est la souveraineté !

En ce mois d’août 2021, la Kanaky a été de nouveau déclarée territoire sans Covid. Avec 136 cas cumulés depuis le début de l’épidémie et aucun décès à déplorer, la Kanaky donne une vraie leçon à la Métropole coloniale et doit inspirer l’ensemble des dernières colonies françaises.

 

Alors que les « territoires d’Outre-mer » sont littéralement submergés par cette quatrième vague, la Kanaky de son côté affiche une gestion exemplaire de l’épidémie étant à ce jour un des rares territoires au monde à ne pas compter de décès liés au Covid. Une fois de plus le territoire vient d’être déclaré « Covid free » par l’OMS et, par conséquent, aucun geste barrière ni aucun masque ne sont requis pour la population. Pour autant, le gouvernement indépendantiste ne se repose pas sur ses lauriers et souhaite rendre obligatoire la vaccination sur l’ensemble du territoire afin de prévenir une éventuelle vague épidémique.

Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement kanak, qui a toutes compétences en matière sanitaire, a su imposer un isolement strict dans des lieux dédiés avec test obligatoire avant la levée de l’isolement pour toute personne entrant sur le territoire. Cette politique préventive a permis d’éviter l’entrée et la dissémination du virus sur le territoire, les quelques foyers épidémiques localisés ayant été rapidement maîtrisés. À l’opposé, nous avons des décisions totalement inadaptées, voir dangereuses imposés par l’État français dans le reste des Outre-mer. Ainsi, le statut insulaire de la Martinique ou de la Guadeloupe n’a pas permis de se prémunir des nombreuses vagues épidémiques meurtrières.

Ces derniers temps, plusieurs recours juridiques ont permis à des FrançaisE arrivant sur le territoire kanak de faire lever leur isolement. Cette situation a entraîné une vive réaction du gouvernement de Louis Mapou qui a suspendu un vol en provenance de France via le Japon avec à son bord de nombreux militaires français, prévenant que si les recours juridiques se poursuivaient les vols entre le Japon et la Kanaky pourraient tous être suspendus. A partir de ce lundi un projet de loi pour rendre la vaccination obligatoire pour toute personne entrant en Nouvelle Calédonie est soumis au Parlement calédonien.

Cette loi d’obligation vaccinale pour les voyageurs pourrait être retoquée par le Conseil Constitutionnel français s’il estime qu’elle relève d’une disposition de police (du seul ressort de l’État français) et non une mesure sanitaire (du ressort du gouvernement kanak). Le gouvernement kanak souhaite prendre les devants et veut étendre la vaccination obligatoire à l’ensemble de la population en prévention d’une possible intrusion du virus favorisée par les diverses mesures juridiques. L’intense campagne de vaccination lancée par le gouvernement kanak connaît une forte adhésion de la population. Seul quelques centaines de « métropolitains » rassemblés derrière la banniére de « Réinfo covid NC », politiquement proche de l’extrême droite française, semblent s’y opposer.

Cette adhésion de la population contraste totalement avec les importantes mobilisations contre le vaccin que l’on connaît dans les Antilles ou en Guyane, qui sont allées jusqu’à l’incendie d’un centre de vaccination à Fort de France. Cet écart se comprend tout simplement par la différence de niveau de souveraineté de la population. Ainsi, en Guyane ou dans les Antilles où la souveraineté est faible et le niveau de défiance face à l’État est élevé, le vaccin y est considéré comme suspect car imposé par l’État français laissant le champ libre à toutes les fakes news de l’extrême droite. Les kanaks eux agissent en pleine souveraineté sur leur territoire sans avoir à subir les décisions controversées et inadaptées de l’État français. Ainsi, quand le gouvernement indépendantiste kanak recommande à la population de se faire vacciner, la désinformation véhiculée par l’extrême droite française ne perce pas et le peuple kanak agit alors en peuple souverain.

Malheureusement, une fois de plus la situation coloniale des Outre-mer est responsable d’une gestion de crise inadaptée et d’effets pervers quant à la protection de la population. Cet exemple nous rappelle à quel point il est fondamental pour un peuple d’être souverain et autodéterminé.