Publié le Mardi 21 février 2017 à 10h23.

« MigrantEs, chez nous, c’est chez vous ! »

En cette campagne présidentielle, s'il y a un sujet qui mobilise les petits calculs électoralistes des candidatEs, c'est bien celui des migrantEs. Sur ce terrain, le FN a réussi depuis des années à poser au centre des débats son marqueur raciste et xénophobe. Il est désormais de bon ton, y compris « à gauche », de se laisser aller à battre en retraite sur la seule mesure susceptible de commencer à régler la situation inhumaine dans laquelle sont plongés des milliers de nos frères et sœurs d'autres latitudes fuyant la guerre ou la misère : la liberté totale de circulation et d'installation, pour une vie apaisée et digne...

Ce samedi, la bonne surprise nous est venue de Barcelone, où des dizaines de milliers de manifestantEs (160 000 selon la police, 500 000 pour une partie de la presse espagnole), ont proclamé : « Assez d'excuses, accueillons maintenant ! » Une leçon d'humanité, profondément politique, d'autant plus cinglante pour la France comme pour le reste de l'Union européenne qu'elle est administrée par une région (une région autonome de l’État espagnol) qui voit se développer un puissant mouvement réclamant son indépendance : une leçon pour toutes celles et ceux qui croient que l'émancipation d'un peuple ne se reconnaissant pas dans un cadre national ou supranational imposé par l'histoire ou les institutions en place signifie mécaniquement qu'il opte pour un repli identitaire et haineux envers les autres...

Très en pointe dans sa revendication nationale contre l’État espagnol, le peuple de Barcelone a donc très largement le nationalisme... internationaliste ! Et il le fait savoir dans la rue : samedi, la revendication n'était rien d'autre que « Pas d'excuse, l'accueil c'est maintenant ! » Une leçon politique de premier ordre pour combattre la lepénisation de la droite et de la « gauche », ici dans la campagne présidentielle et au-delà.

Comme le montrent ces dizaines de milliers de CatalanEs, les peuples n'ont décidément pas de patrie à défendre contre les autres peuples. Et c'est touTEs ensemble que nous devons combattre le seul, le même, ennemi : le Capital !

Antoine Rabadan