Depuis leur arrestation en mai et juin 2021, les organisations de défense des droits humains et leurs familles alertaient sur le sort des prisonnières et des prisonniers politiques embastillés par le régime Ortega-Murillo afin de continuer d’exercer le pouvoir absolu. À juste titre, comme vient de le confirmer la mort d’Hugo Torres Jiménez.
Le pire était à craindre pour certainEs des prisonnierEs politiques en raison de leurs conditions inhumaines de détention, de leur âge et de leur état de santé. Et le pire s’est effectivement produit : samedi 12 février, nous avons appris le décès en prison du général à la retraite Hugo Torres Jiménez, héros de la révolution, militant historique du FSLN et cofondateur du parti d’opposition Unamos (ex-Mouvement de rénovation sandiniste).
« Comandante uno »
Les circonstances exactes de sa mort restent encore obscures. Le 17 décembre 2021, ses codétenus avaient alerté sur la détérioration de son état de santé. Hugo Torres avait été emmené, non à l’hôpital militaire comme cela aurait été logique étant donné son statut d’ex-militaire, mais à l’hôpital de la police. Il était ainsi maintenu dans une condition de détenu à la merci de ses geôliers. Depuis cette date, plus aucune nouvelle de lui n’avait filtré.
Ironie de l’histoire, et mesquinerie suprême du caudillo Ortega : Hugo Torres faisait partie du commando qui, en 1974, avait obtenu la libération d’une vingtaine de prisonniers sandinistes, parmi lesquels… Daniel Ortega ! Hugo Torres avait également participé en 1978 à l’assaut contre le Palais national (« Comandante uno » de l’opération), qui avait permis la libération de 50 prisonniers du FSLN, en compagnie notamment de Dora Maria Téllez (« Comandante dos »), autre commandante de la guérilla, elle aussi emprisonnée, condamnée il y a quelques jours à huit ans de prison. Elle fait aussi partie des détenuEs dont l’état de santé suscite de grandes inquiétudes. Il s’agit notamment des détenuEs les plus âgés, comme Edgard Parrales, ex-ambassadeur auprès de l’OEA (Organisation des États américains) à l’époque de la révolution, qui a 79 ans. Cette situation doit cesser !
Libération de touTEs les prisonnierEs !
Hugo Torres a dû subir une ultime épreuve et finir sa vie prisonnier d’une nouvelle dictature contre laquelle il s’était élevé, après avoir combattu celle de Somoza les armes à la main dans les années 1970. Nous garderons de lui le souvenir d’un homme intègre, libre et fidèle à ses convictions.
Nous partageons la douleur de la famille, des proches et des compagnes et compagnons de militance d’Hugo Torres et leur manifestons notre solidarité.
Nous nous joignons à l’appel des proches, des défenseurEs des droits humains et de l’opposition politique et sociale à la dictature pour exiger :
– une enquête indépendante sur les circonstances exactes de la mort d’Hugo Torres ;
– la libération immédiate et sans conditions de toutes les prisonnières et de tous les prisonniers politiques (183, au dernier décompte) ;
– l’abandon des poursuites menées au nom de lois iniques ;
– le rétablissement des droits constitutionnels de touTEs les NicaraguayenEs ;
– de toute urgence, pour tous les prisonnierEs, l’accès à l’équipe médicale de leur choix afin de recevoir les soins appropriés à leur état de santé.
Collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua, Comité Nicaragua Occitanie, France Amérique latine, Terre et liberté pour Arauco, Centre Tricontinental – CETRI (Belgique)