Publié le Jeudi 15 octobre 2009 à 19h32.

Nobel de la paix pour chef de guerre 

De l’aveu même du premier concerné, il ne le mérite pas. Mais l’attribution du prix Nobel de la paix a souvent bien moins à voir avec le « mérite » des hommes et des (rares) femmes qu’il est censés récompenser qu’avec la géopolitique internationale.

Ainsi, pour un Martin Luther King Jr, on trouve un Henry Kissinger. Pour une Mère Térésa ou une Shirin Ebadi, on trouve un Menahem Begin et un Anour el-Sadate.

Le choix du président étatsunien Barack Obama n’est donc pas si incongru ni surprenant que cela. La question n’est pas tant de ne pas pouvoir juger de ce qu’il n’a pas encore fait, mais de savoir apprécier ce qu’il a déjà réussi à accomplir. Car, en ces temps de crise aggravée du système capitaliste, ce n’est pas rien d’être parvenu à redonner sens à un « rêve américain » devenu une détestable caricature, et à susciter tant d’adhésion aux quatre coins du monde.

De quoi représenter effectivement l’espoir, pour ceux qui dirigent la planète, que quoiqu’ils fassent, il y aura toujours moyen de s’en sortir grâce à des Barack Obama défendant in fine leurs intérêts et leurs profits.

Alors, qu’importe s’il est en même temps le dirigeant de la première puissance impérialiste et premier pays vendeur d’armes au monde, actuellement embourbé dans deux guerres d’agression qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et contribuent à rendre le monde encore plus dangereux.

Il s’agit, pour cette forme d’opinion publique mondiale idéale que représente le jury d’Oslo, d’encourager les premiers signes d’une reprise en main de l’économie et de la « gouvernance » mondiales, de la naissance d’un potentiel nouveau leadership auquel les peuples pourront croire. Il ne l’aura donc pas volé ce prix, Obama, quand il ira le récupérer le 10 décembre prochain à Oslo.

Mais nous, nous saurons lui rappeler, en manifestant en nombre à quelques jours et quelques kilomètres de là, lors du contre-sommet de Copenhague, le sens de ce vieux slogan, scandé d’hier à aujourd’hui, des trottoirs de Harlem aux ruelles de Gaza : « No justice, no peace »… pas de justice, pas de paix, monsieur le Nobel !