Quelques jours après la reconnaissance de l’indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass par Moscou, l’armée de Vladimir Poutine a lancé le 24 février une attaque massive contre l’Ukraine, avec frappes aériennes et invasion terrestre. Le lendemain de cette offensive militaire, on comptait déjà plusieurs centaines de morts avec des combats proches de toutes les grandes villes ukrainiennes, y compris la capitale Kiev.
Poutine, dans ses discours pour fournir des prétextes à l’agression militaire, a nié l’existence même de l’Ukraine, tout en s’attaquant à la politique des révolutionnaires russes tels que Lénine, qui avaient promu le droit à l’autodétermination de peuples d’URSS. Il a donc parlé à la fois de « décommunisation » et de « dénazification », répétant la propagande grossière selon laquelle le gouvernement ukrainien serait coupable d’un « génocide ».
Bien que l’on ne sache pas avec certitude quels sont les objectifs politiques du Kremlin, il semble qu’il y ait une volonté de renverser le gouvernement ukrainien actuel et d’installer une marionnette aux ordres de Moscou à sa place. Vladimir Poutine poursuit ainsi sa stratégie visant à faire revivre une sphère d’influence impériale russe, comme on a pu le voir par exemple avec l’intervention militaire en Géorgie en 2008, avec le soutien continu à l’autocrate Alexandre Loukachenko en Biélorussie, notamment durant la crise ayant suivi les élections de 2020 dans ce pays, ou plus récemment avec l’aide apportée au gouvernement du Kazakhstan pour mater le mouvement populaire qui a secoué ce pays au début de l’année.
Cette offensive militaire russe intervient huit ans après l’annexion armée illégale de la Crimée et le soutien du Kremlin à la prise de contrôle de régions du Donbass par des séparatistes, déclenchant un conflit qui a fait plus de 14.000 mort·e·s et deux millions de réfugié·e·s. Avec la hausse des prix de l’énergie et le retrait des USA d’Afghanistan, Poutine a vu une opportunité pour aller un cran plus loin dans sa tentative de restaurer la zone d’influence de l’ex-empire russe.
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Dans ce contexte, la Gauche anticapitaliste dénonce et condamne l’agression militaire impérialiste russe et appelle à l’arrêt des bombardements et au retrait des troupes russes des territoires occupés ukrainiens, et à la fin de l’ingérence russe en Ukraine. Nous affirmons notre solidarité avec les populations civiles agressées. La guerre de l’armée russe contre l’Ukraine est un acte d’agression impérialiste et doit être condamné sans la moindre réserve ni excuse.
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Nous soutenons l’indépendance et l’autodétermination de l’Ukraine en respectant les droits des minorités ethniques et linguistiques. Ni la Russie ni l’OTAN ne défendront ces droits. Nous soutenons l’autodétermination de l’Ukraine par principe, ce qui n’implique aucun soutien au gouvernement bourgeois ukrainien.
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Nous apportons notre soutien aux forces progressistes qui luttent pour la démocratie et la justice sociale en Ukraine, en construisant une solidarité internationale par en bas contre l’invasion de l’armée russe.
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Les espoirs qu’un mouvement anti-guerre se développe en Russie sont peut-être faibles après l’anéantissement quasi total de l’opposition organisée au pouvoir de Vladimir Poutine par des années de répression. Pourtant, une telle mobilisation pourrait être déterminante dans la mise en échec de Vladimir Poutine. Des organisations et de nombreux individus se mobilisent déjà de la sorte en Russie, et les conséquences probables des sanctions pourraient faire grandir le mécontentement de la population russe. Nous affirmons notre solidarité avec ces mobilisations contre la guerre.
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Nous exigeons l’annulation de la dette ukrainienne, ainsi que l’envoi d’aide humanitaire directe aux organisations civiles, syndicales et populaires d’Ukraine. Nous défendons l’accueil inconditionnel des réfugié·e·s de guerre, d’où qu’iels viennent, contre l’instrumentalisation par Sammy Mahdi et le gouvernement d’un sentiment antirusse dirigé contre les citoyen·ne·s ordinaires. Enfin, nous réclamons des sanctions financières maximales contre Vladimir Poutine, le complexe militaro-industriel russe et les milliardaires oligarques qui le soutiennent.
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Nos dirigeant·e·s vont en profiter pour redorer leur blason et détourner l’attention de leur politique néolibérale et antisociale, tandis qu’ils ont justifié par le passé des guerres similaires comme en Irak et en Afghanistan, et n’ont jamais sanctionné les crimes de guerre de leurs allié·e·s, comme en Palestine ou au Yémen. Ne soyons donc pas dupes de leur hypocrisie. Ils vont en profiter pour justifier une hausse des dépenses militaires, les 14 milliards promis à la Défense par la Vivaldi et la ministre PS Dedonder, et pour redorer le blason de l’OTAN, dont le siège est en Belgique. Nous devons refuser ce petit jeu militariste. L’OTAN est également un instrument d’un bloc de pouvoir impérialiste et doit être dissoute. La Belgique hors de l’OTAN et l’OTAN hors de la Belgique !
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Toute demande d’envoi de troupes (dans le cadre de l’OTAN ou non), d’« armes pour l’Ukraine » doit être rejetée. Celles-ci risquent de conduire à une nouvelle extension du conflit en une confrontation inter-impérialiste généralisée, dans laquelle les différentes puissances disposent également d’armes nucléaires. Dans une telle escalade, les travailleurs et travailleuses ordinaires sont toujours perdant·e·s, quel que soit le camp dans lequel iels sont contraint·e·s de se trouver.
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De même, il faut dissoudre l’alliance autour de la Russie, l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC). En effet, après les guerres en Tchétchénie, en Géorgie, l’intervention militaire en Crimée et dans le Donbass, l’intervention militaire en Syrie, puis récemment au Kazakhstan, il est clair que le régime de Poutine, sponsor de l’extrême-droite internationale, ne peut également pas tolérer des mouvements populaires de masse et des libertés démocratiques de base à ses frontières. C’est là la principale raison de son agression contre l’Ukraine.
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Dans le cas peu probable d’une escalade du conflit armé entre différents pays ou blocs impérialistes, les opposant·e·s conséquent·e·s aux guerres impérialistes ne doivent pas prendre parti pour l’une ou l’autre des puissances impérialistes, mais lutter partout, dans leur propre pays et en solidarité avec la classe travailleuse ailleurs, pour une « trêve par le bas » et pour la transformation de ce massacre inter-impérialiste en une révolution anticapitaliste et socialiste.
Ces évènements d’une extrême gravité rappellent plus que jamais la nécessité de construire une mobilisation internationaliste pour donner aux peuples une voix différente de celles des États et solidaire des populations ukrainiennes contre toutes les politiques qui les agressent et les oppriment. Les gouvernements n’initieront pas cette marche vers la paix. Nous devons l’organiser nous-mêmes.
Non à l’agression impérialiste de la Russie contre l’Ukraine !
Solidarité internationaliste !
Ni Washington, ni Bruxelles, ni Pékin, ni Moscou ! Contre les capitalistes d’ici et d’ailleurs !
Pour une solidarité internationale avec notre propre camp social ! Seule la classe travailleuse internationale, luttant avec tou·te·s les personnes opprimées et exploitées, pour la paix et contre l’impérialisme, le capitalisme et la guerre, peut créer un monde meilleur.
Déclaration de la Gauche anticapitaliste, 25 février 2022.