Publié le Mardi 1 décembre 2020 à 18h00.

Nos nouveaux adversaires : Biden forme son cabinet

Alors que le président Donald Trump affirme encore que l'élection présidentielle a été truquée, le président élu Joseph Biden a entamé la transition vers la prochaine administration en choisissant plusieurs membres de son cabinet.

Biden et son équipe devront tenter de gouverner avec une présence plus faible du Parti démocrate au Congrès et avec une Cour suprême conservatrice. Il est déjà évident que les progressistes ont eu peu d'impact sur Biden. La gauche devra s'organiser pour affronter un gouvernement incapable de faire passer des réformes progressistes majeures. Dans le même temps, des dizaines de millions de Républicains, convaincus que Biden est un président illégitime, continueront d'être inspirés par Trump, des médias de droite et des théories du complot comme QAnon.

« L'Amérique est de retour, prête à guider le monde »

Biden, les Démocrates et les capitalistes américains sont confrontés à d'énormes défis. Dans l’immédiat, la pandémie de coronavirus qui continue de faire rage et est hors de contrôle avec 270 000 morts, plus de 90 000 hospitalisés et 14 millions de cas. Bien que la distribution des vaccins commence le mois prochain, il faudra encore plusieurs mois avant qu’ils ne soient accessibles à un large public. L'économie est toujours en crise avec des dizaines de millions de chômeurEs tandis que les prestations fédérales et la protection contre les expulsions prennent fin en décembre. L'économie mondiale est également en crise — à l'exception de la Chine, le rival des États-Unis pour la domination économique mondiale.

Biden espère faire face à ces crises en revivifiant l'alliance des États-Unis avec l'Europe occidentale et en reprenant le commandement du système politique et économique capitaliste mondial. Comme le dit Biden, « l'Amérique est de retour, prête à guider le monde ». Les États-Unis rejoindront l'Accord de Paris sur le climat et l'Organisation mondiale de la santé, et chercheront un nouveau traité START (traité entre les USA et la Russie sur la limitation des armes nucléaires stratégiques). Biden tentera de réaffirmer le rôle de l’Amérique en tant que superpuissance mondiale, une position depuis laquelle elle a glissé. Le nouveau cabinet devra également travailler avec Biden pour reconstruire les agences gouvernementales détruites par Trump.

Vieille garde démocrate

Certains progressistes et certains à gauche avaient espéré que Biden nommerait des réformateurs comme le sénateur Elizabeth Warren et Bernie Sanders dans son cabinet, mais il les en a exclus. Au contraire, Biden s'est tourné vers des vétérans de l'administration de l'ancien président Barack Obama et de l'establishment du Parti démocrate. Il a choisi comme secrétaire d'État Antony J. Blinken, ancien secrétaire d'État adjoint sous Obama. Blinken, un partisan d'Israël, a appelé à une intervention militaire plus forte des États-Unis en Syrie et en Libye. La lutte contre l'impérialisme US devra clairement se poursuivre sous la présidence de Biden.

Comme secrétaire au Trésor, Biden a choisi Janet Yellen, nommée par Obama à la présidence de la Réserve fédérale (la banque centrale américaine). Elle a généralement soutenu des taux d'intérêt bas et des programmes gouvernementaux pour stimuler l'économie. Mais elle est également préoccupée par la croissance de la dette fédérale.

John F. Kerry, qui sous Obama a succédé à Hillary Clinton au poste de secrétaire d’État, sera l’envoyé de Biden sur les questions climatiques et siégera également au Conseil de sécurité nationale. Ironiquement, le nouvel envoyé pour le climat a soutenu l'expansion des énergies fossiles et veut utiliser le marché et la réglementation pour mettre un prix sur les émissions de carbone. Ne vous attendez donc pas à une réduction spectaculaire des énergies au carbone !

Avril D. Haines, le choix de Biden pour le poste de directrice du renseignement national, a travaillé pour Obama et George W. Bush au Conseil de sécurité nationale, au département d'État et à la CIA. Le New York Times l'a décrite comme « l'architecte du programme de l'administration Obama visant les terroristes avec des drones, dont certains ont tué des civils ».

Compte tenu de l’orientation de Biden et de la probabilité d’une impasse législative, les principaux projets des progressistes et de la gauche — la lutte pour « Medicare for All » (accès de tous à la santé) et le « Green New Deal » — seront très probablement bloqués. Certes, la profondeur de la crise sanitaire et économique nationale pourrait forcer les Démocrates et les Républicains à prendre des mesures qu'ils préfèreraient éviter. Mais la gauche devra se mobiliser dans la rue et les syndicats pour obtenir de vrais changements.

Traduction Henri Wilno