Un communiqué publié par Anticapitalistas le 16 février 2020.
1. Les décisions prises par Podemos au cours des derniers mois indiquent une orientation que nous ne partageons pas. L’entrée de cinq ministres UP (Unidas Podemos) dans un gouvernement progressiste-néolibéral hégémonisé par le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), au sein duquel ce parti contrôle les principaux leviers du pouvoir, loin d’affaiblir le régime politique actuel, signifie s’y intégrer et considérer sa gestion comme le seul horizon possible.
Notre proposition de conclure un accord portant sur l’investiture du PSOE et d’être dans l’opposition, afin de continuer à lutter pour construire un projet qui articulerait une majorité constituante a été rejetée par le Podemos actuellement existant. Nous ne partageons pas, en outre, la politique de pacte social et de consensus qui signifie un renoncement à l’affrontement avec les grands pouvoirs économiques. En ce sens, nous constatons qu’il y a une énorme différence entre les objectifs du Podemos que nous avons contribué à constituer il y a six ans et la dérive actuelle, qui montre que nous sommes passés de la contestation de la classe politique et des élites économiques à l’intégration à la première sans mettre en question les avantages des secondes.
Impulser un nouveau cycle de luttes
2.- Nous comprenons également qu’une grande partie du peuple de gauche partage le soulagement occasionné par la formation du gouvernement [le 13 janvier 2020]. La peur de l’extrême droite et la fatigue après des années de mobilisation rendent cette position compréhensible. Nous l’entendons et la respectons. Cependant, nous pensons que les objectifs de ce gouvernement sont très peu ambitieux, même si nous nous situons dans les marges du système. Raison pour laquelle notre tâche immédiate est d’essayer d’impulser un nouveau cycle de luttes afin que la rue ne soit pas désertée. Se profilent ainsi plusieurs objectifs : le 8 mars, pour garantir des avancées féministes ; les mobilisations pour exiger l’abrogation des contre-réformes portant sur le Code du travail, pour obtenir la régulation des loyers, la fermeture des Centres d’internement des migrantEs, l’interdiction des licenciements dans les entreprises faisant des profits, l’arrêt des expulsions des logements et la rupture avec l’article 135 de la Constitution [contraignant à « la « stabilité budgétaire » et au paiement de la dette, adopté en 2011].
Sans une pression populaire organisée, il n’y aura pas de progrès. Sans des avancées qui méritent d’être défendues, qui répartissent la richesse et le pouvoir en faveur des plus démuniEs, un dangereux terreau sera constitué, sur lequel l’extrême droite peut étendre sa démagogie machiste, raciste et autoritaire au service des riches.
Décision finale le 28 mars
3.- Dans ce cadre, sans préalablement analyser la saignée dont Podemos a souffert en tant qu’organisation ces dernières années et sans disposer d’un processus préliminaire suffisant de délibération politique, l’Assemblée des Citoyens apparaît comme une simple ratification de la direction et de la stratégie installant une subordination face au PSOE.
4.- Pour cette raison, nous, Anticapitalistas, avons décidé de ne pas participer à la prochaine Assemblée à l’échelle de l’État de Podemos et de concentrer nos débats sur la décision à prendre concernant notre relation définitive avec ce projet que nous avons contribué à fonder et auquel nous avons consacré tant d’efforts. Nos discussions internes culmineront le 28 mars 2020 avec une conférence au cours de laquelle nous ferons connaître notre décision finale. Nous souhaitons, sans aucun doute, beaucoup de chance aux personnes qui décident de participer à l’Assemblée de Podemos (Vistalegre III), en étant sûrs que nous continuerons à nous rencontrer et à travailler ensemble dans de nombreux domaines.
Traduction À l’Encontre et J.S.