En 2011, quand Orange renouvelait son contrat de licence avec la firme israélienne Starter, l’entreprise, détenue à 25 % par l’État français, ne pouvait ignorer les violations constantes du droit international dont Starter est directement responsable...
En effet, Starter possède 176 sites d’exploitation sur les territoires occupés. Participant directement à la stratégie du « Palestinian captive market » qui permet aux entreprises israéliennes de ne pas payer d’impôts à l’Autorité palestinienne, Starter ira encore plus loin l’été dernier lors de l’agression israélienne sur Gaza. Dans le cadre de l’opération « Adopt a warrior » (!), deux unités de l’armée israélienne furent « sponsorisées », ce qui impliquait la fourniture de services gratuits aux soldats, d’aides matérielles, en particulier aux soldats blessés dans les hôpitaux. Multinationale qui veille partout dans le monde à son image, Orange ne pouvait l’ignorer. Un véritable partenaire de l’État colonial...
Annonces et rétropédalages diplomatiquesQuand le 5 juin dernier au Caire, Stéphane Richard, PDG d’Orange, annonce que l’entreprise pourrait rompre ses liens commerciaux, le gouvernement sioniste réagit. Dès le lendemain, Netanyahou demande au gouvernement français de condamner ces propos. Il pouvait compter sur le soutien de Laurent Fabius qui, dès le lendemain, s’est empressé de rappeler que la France était hostile à tout boycott...Si l’annonce de Richard avait des objectifs bien éloignés du soutien à la lutte palestinienne, probablement plus occupé par le développement des marchés moyen-orientaux, la réaction diplomatique prouve que le gouvernement israélien est sous pression. Le 13 mai dernier, une séance d’urgence de la Knesset avait lieu autour de la « délégitimation » de l’État d’Israël, et annonçait la création d’une nouvelle cellule renforcée et financée notamment par un certains nombres de néo-conservateurs américains, soutiens indéfectibles de la politique sioniste.Sous pression de la diplomatie israélienne et de ses relais politiques en France, Richard a fini par rétropédaler, présentant ses profondes excuses au gouvernement israélien vendredi 12 juin, soit moins d’une semaine après ses premières déclarations. Cette affaire a permis de montrer une fois de plus la duplicité de nos dirigeants. Quand Fabius tente de faire adopter d’une main une résolution pour obliger Israël à reprendre les négociations, il condamne de l’autre le boycott. Fidèle à lui-même, Sarkozy juge même dangereuse la timide initiative française, qui plus est quand on connaît le poids des résolutions onusiennes sur la politique israélienne, et qualifie le boycott d’« inadmissible ». Pas un mot bien entendu sur la colonisation...
Poursuivre la campagne pour vaincreToute cette agitation a néanmoins eu des aspects positifs. Elle a notamment permis de mettre la question du boycott à la une de l’actualité, ce qui n’est pas souvent le cas. Par ailleurs, il était aussi important de montrer que si les multinationales n’interviennent pas directement en Israël, c’est le cas d’Orange avec son contrat de licence, le capitalisme mondialisé leur offre la possibilité d’intervenir indirectement pour faire du profit au détriment des droits des peuples, en l’occurrence celui des Palestiniens.C’est dans cette optique qu’il faut mener la bataille au sein de ces entreprises comme au sein des institutions, à l’instar de ce que font les syndicalistes de Solidaires au sein d’Orange : remettre la solidarité internationaliste au cœur de l’activité syndicale. À tous les militantEs de la solidarité internationale, ceux du NPA comme les autres, d’organiser ces batailles, dans les facs, les boîtes et les collectivités.
Antoine Chauvel