L’Allemagne « doit d’énormes sommes d’argent » à l’Otan et aux États-Unis qui lui « fournissent une défense très puissante et très coûteuse »... Cette attaque en règle de Trump vise aussi les 27 autres États membres de l’Otan et exprime la volonté des USA de faire pression sur leurs alliés pour qu’ils renforcent leur dispositif militaire.
Ce discours n’est pas nouveau. Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, le rappelait : « On entendait ce discours lors de la 3e présidence Bush, puis sous Obama : l’idée que les États-Unis payent trop et qu’il y a un sous-investissement en matière de défense des Européens ». La pression est devenue plus forte du fait des difficultés propres des USA et de la montée des tensions et des périls. Du fait aussi de l’éventuelle évolution des relations avec Poutine, alors que l’Otan se redéploie dans les pays de l’Est en particulier la Pologne.
Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson, plutôt que de participer à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan les 5 et 6 avril à Bruxelles, se rendra en Russie : une première. Il rencontrera cependant ces mêmes ministres des Affaires étrangères lors d’une réunion de la coalition internationale de lutte contre l’État islamique, et Trump a annoncé sa participation à la réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Otan le 25 mai.
Ce sera l’occasion pour les USA de dire comment ils envisagent « l’adaptation de l’Otan au nouvel environnement sécuritaire, y compris le rôle joué par l’Otan dans la lutte contre le terrorisme, et de l’importance d’une augmentation des dépenses de défense et d’un meilleur partage du fardeau ».
Hollande dans les pas des USA...
Les États-Unis prennent en charge le plus gros des moyens de défense du monde occidental, soit 72 % de l’ensemble de ces dépenses, à partir de leur budget militaire colossal. En 2016, celui-ci était de 622 milliards de dollars, soit 3,61 % du produit intérieur brut.
Chaque État membre s’est engagé à hisser sa part de dépenses militaires à 2 % de son PIB d’ici 2024, alors que la moyenne des pays européens membres de l’Otan plafonne à 1,47 %. La France est à 1,79 %, l’Allemagne à 1,2 %. Cette dernière veut aussi son indépendance militaire, et le supplément de dépenses annoncé n’aurait pas forcément vocation à financer l’Alliance atlantique mais d’autres missions, en particulier dans le cadre de l’ONU.
Hollande, lui, a suivi la même orientation que Sarkozy qui avait décidé de réintégrer le commandement suprême de l’Otan en 2009. Il a joué les bons élèves en alignant la politique de la France sur celle des USA, en particulier vis-à-vis d’Israël et du Moyen-Orient. Il entend respecter la décision de consacrer 2 % du PIB au budget militaire, sans cesse répétée et exigée par les dirigeants de l’Otan. Cela représenterait une augmentation de 30 % du budget de la Défense... au moment où les budgets sociaux sont à la baisse, que la pauvreté s’étend et que les inégalités se creusent...
Il y a urgence à mettre un terme à cette politique militariste orchestrée par l’Otan, au gaspillage de milliards pour le seul bénéfice des trusts de l’armement, au service d’une politique impérialiste contre les peuples, en particulier en Afrique.
Yvan Lemaitre