Publié le Mercredi 12 octobre 2022 à 13h00.

Palestine : soutien à Salah Hamouri et aux prisonniers en grève de la faim

Le 25 septembre, Salah Hamouri et 29 autres prisonniers politiques palestiniens entamaient une grève de la faim pour protester contre leur détention. À l’heure où ces lignes sont écrites, la grève de la faim se poursuit, et 20 autres prisonniers ont rejoint le mouvement.

Lensemble des prisonniers actuellement en grève de la faim pour dénoncer leurs détentions arbitraires sont sujets au régime de la « détention administrative ». La détention administrative est un régime de détention « spécial », qui permet aux autorités militaires israéliennes de prolonger indéfiniment une incarcération, sans procès et sans charges, au moyen d’ordres militaires renouvelant des périodes de détention de trois mois. C’est ainsi que Salah est détenu depuis le 7 mars, jour où il a été arrêté à son domicile, sous le régime de la détention administrative, renouvelée en juin et en septembre.

« Privation arbitraire de liberté »

La grève de la faim est un moyen de lutte auquel les prisonnierEs palestiniens ont souvent eu recours lorsqu’ils et elles estimaient que les autres possibilités de se faire entendre pour obtenir justice étaient épuisées. Amnesty International a qualifié la détention administrative de « forme de privation arbitraire de liberté [allant] totalement à l’encontre de l’article 9 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par Israël en 1991, et qui garantit à toute personne arrêtée le droit à un procès équitable. »1 Un arbitraire qui frappe largement les PalestinienEs : 5 700 ordres de détention administrative auraient été émis contre des PalestinienEs entre 2017 et 2021.

Lorsqu’ils sont ainsi totalement privés de droits, les détenus palestiniens n’ont parfois d’autre recours que la grève de la faim. Comme le souligne la chercheuse Yara M. Asi : « La seule chose sur laquelle ces prisonniers ont un certain contrôle, c’est leur corps. »2 Et c’est ainsi qu’actuellement, 50 prisonniers mettent en jeu leur intégrité physique pour exiger, tout simplement, la justice et le respect de leurs droits fondamentaux. L’un d’entre eux a été transféré le 9 octobre à l’hôpital en raison de la dégradation de son état de santé.

Que font les autorités françaises ?

En France, le comité de soutien à Salah Hamouri s’active pour faire parler de la grève de la faim et de la situation de Salah et de ses camarades de lutte. Le ministère des Affaires étrangères affirme qu’il prend le dossier au sérieux, mais rien ne semble bouger, et le président Emmanuel Macron se distingue par son silence sur la question. On a connu le pouvoir plus actif lorsqu’il s’agissait de se préoccuper de la situation de citoyenEs français en danger à l’étranger.

Car, alors que la grève de la faim est entrée dans sa troisième semaine, le danger est bien là, et il y a urgence à agir. En parlant de la situation de Salah et des prisonniers palestiniens ; en relayant les informations diffusées par le comité de soutien3 ; en interpellant les éluEs, locaux comme nationaux, afin qu’ils et elles s’expriment et exercent une pression sur les autorités ; en participant aux initiatives de soutien organisées. Au-delà, le cas de Salah Hamouri et des autres grévistes de la faim nous rappelle la situation d’oppression et d’injustice absolues subies par les PalestinienEs, face à un État colonial qui piétine chaque jour un peu plus les droits humains et le droit international.

  • 1. Amnesty International, « Salah Hamouri dans le dédale carcéral de la détention administrative en Israël », amnesty.fr, 2 septembre 2022.
  • 2. Yara M. Asi, « La grève de la faim, l’arme ultime des prisonniers palestiniens », france-palestine.org, 11 octobre 2022.
  • 3. Sur Twitter : @LiberezSalah