Publié le Mercredi 18 mai 2011 à 17h41.

Portugal. 7e Congrès du Bloco de Esquerda

Le Bloco de Esquerda (Bloc de gauche), le parti de la gauche radicale au Portugal, a tenu les 7 et 8 mai un congrès national offensif et réussi, dans un contexte difficile. Le Portugal, avec la Grèce et l’Irlande, est un des pays de l’Union européenne (UE) les plus durement frappés par la crise économique. Confronté au creusement de sa dette, le Portugal du socialiste Socrates a négocié un plan d’aide avec l’UE et le FMI. Même s’il doit tenir compte de la colère populaire, le gouvernement approfondit sa politique d’austérité censée rétablir l’équilibre des comptes. La crise politique s’ajoute, avec la démission de Socrates le 23 mars dernier et la convocation d’élections législatives pour le 5 juin.

Le 7e congrès du Bloc était ainsi à la fois une échéance démocratique interne et le coup d’envoi public de la campagne pour « changer de futur ». Le Bloc sera présent dans la totalité des circonscriptions du pays. La couverture médiatique impressionnante dont il bénéficie donne un grand écho aux propositions politiques de ce parti qui refuse les mesures d’austérité, l’explosion de la précarité et qui dénonce la corruption. Il oppose au plan du gouvernement, une politique de renégociation de la dette, une autre répartition des richesses par une réforme fiscale radicale, le développement de l’emploi public. Ces propositions font écho aux puissantes mobilisations sociales qui se sont récemment déroulées dans le pays, une grève générale le 24 novembre et une impressionnante manifestation contre la précarité le 12 mars de la « génération fauchée ». Sur la base de son programme, le Bloc propose une alternative gouvernementale à l’alliance entre le PS, le centre et la droite. Il interpelle ainsi le Parti communiste portugais (PCP) et l’aile gauche du PS pour un gouvernement qui rompe avec le FMI et prenne des mesures favorables à la majorité de la population.

Au congrès, la majorité a obtenu un score qui dépasse 80 %. Des débats la traversent mais un accord solide et une confiance patiemment tissée soude des responsables politiques de traditions politiques diverses. En effet, le Bloc est issu de la fusion de trois partis, l’Union démocratique populaire d’origine maoïste, le Parti socialiste révolutionnaire d’origine trotskiste et Política xxi, un courant qui s’est détaché du PCP. Les dirigeantEs issuEs de ces formations politiques ont su aussi laisser une place d’animation à des générations plus jeunes, plus féminisées.

La principale minorité, issue d’un courant trotskiste, a obtenu un peu plus de 14 % des voix. Tout au long du congrès, elle a critiqué vertement le bilan et l’orientation de la direction jugée pas assez à gauche, notamment sur la question de la dette.

Très actif dans les luttes et le mouvement social, le Bloc de gauche n’a cessé de progresser sur le plan électoral, passant de 2,44 % des voix en 1999 à près de 10 % en 2009 (il obtient ainsi seize députés). C’est un parti solidement installé et qui pèse dans le débat politique du pays. Mais le 5 juin prochain, le concurrent principal pour le Bloc sera l’abstention, geste qui peut tenter une part importante de la jeunesse et des classes populaires comme méthode de sanction de la classe dirigeante au pouvoir.

Si l’expérience du Bloc de gauche n’est pas reproductible partout à l’identique, elle est une source d’inspiration et de fierté pour celles et ceux qui veulent construire une gauche de combat partout dans le monde.

Fred Borras