L’association Survie a déposé le 2 novembre une plainte contre X visant la France complice du génocide contre les Tutsis (près d’un million de morts d’avril à juillet 1994) en livrant des armes au régime rwandais début 1994. Plusieurs documents et déclarations étayent cette plainte. Il n’y a pas de faits nouveaux, mais il existe suffisamment d’éléments convergents pour aller devant la justice pour que le rôle criminel de la France soit reconnu.
Officiellement, les soldats français avaient quitté le Rwanda fin décembre 1993, après plusieurs années de soutien militaire au régime du président Juvénal Habyarimana (formation et équipement en armes des troupes gouvernementales). Mais depuis cette période, une poignée de documents, ainsi que les témoignages de trois ministres français, montrent que des livraisons d’armes ont bel et bien eu lieu au profit des forces qui ont participé au génocide courant 1994.
Pour étayer sa plainte, Survie s’appuie entre autre sur un rapport de la mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR) du 22 janvier 1994 qui décrit le contenu d’un avion-cargo provenant de France, avec à son bord des munitions pour mortiers.
Il y a aussi les propos de Bernard Kouchner qui, lors des commémorations du 20e anniversaire du génocide, a assuré que « le gouvernement génocidaire a été formé dans l’enceinte de l’ambassade de France en avril 1994. Paris lui a livré des armes jusqu’en août 1994 ».
La plainte de l’association Survie vise à mettre la politique de la France en accusation sur des faits connus à partir de différents documents et déclarations qui témoignent de sa complicité. Consciente du génocide en préparation, elle a livré des armes aux forces gouvernementales jusqu’au déclenchement des massacres et après, y compris en violation de l’embargo des Nations unies décidé le 17 mai 1994.