Publié le Mercredi 15 février 2012 à 21h49.

Solidarité avec le peuple syrien

Malgré la répression sanguinaire du régime de Damas, l’intervention d’une force internationale de maintien de la paix n’est pas la solution. Celle-ci viendra du peuple.Par une démarche visant à accentuer la pression, la Ligue des États arabes, lors de sa réunion extraordinaire du 12 février, a appelé le conseil de sécurité de l’ONU à la constitution d’une force arabo-internationale « de maintien de la paix » pour intervenir en Syrie ; elle a aussi rompu toutes ses relations politiques et diplomatiques avec le régime de Damas et appelé tous les États membres de l’ONU à en faire autant.Ce type de nouvelles arrivant rarement seules, le nouveau chef de l’organisation terroriste Al-Qaïda, déclare le même jour la guerre sainte contre le régime syrien « laïque et confessionnel », selon ses termes, en vue d’instaurer un État islamique authentique !Dans la foulée, la rencontre du « groupe d’amis de la Syrie », – une initiative lancée par les gouvernements français et américain à la suite du double véto russe et chinois contre une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU hostile au régime d’Assad au début du mois de février –, va se tenir à Tunis, le 24 de ce mois.Résistance acharnéeD’ores et déjà, la situation en Syrie est une affaire géostratégique avec des enjeux internationaux et régionaux.

La dictature a lancé de son côté une offensive militaire de grande envergure, il y a quinze jours, avec l’utilisation de tous les moyens militaires lourds comme les chars d’assaut et les hélicoptères… Elle a commencé par écraser toutes les petites villes autour de la capitale, dont la dernière est celle de Zabadani, pour ensuite encercler et pilonner depuis le 4 février Homs au centre du pays, la grande ville symbole de la contestation. Le bilan de la barbarie est lourd : plus de 800 morts et des milliers de blessés, et une situation humanitaire plus que dramatique dans cette ville. 

Si l’armée a pu investir les autres zones relativement facilement, à Homs elle rencontre la résistance armée acharnée des déserteurs (l’Armée libre) et des civils en armes.

Cette résistance armée devient une composante importante de la révolution syrienne, notable dans la campagne de Damas, à Zabadani et autour des villes d’Idlib, Deir Azzor et Homs. Pour autant, et bien que la résistance armée ait pris son essor depuis deux mois à cause de la sauvagerie des massacres perpétrés par la dictature et le nombre croissant des militaires déserteurs, les moyens de luttes pacifiques restent le caractère essentiel de la révolution en cours.

Prenant acte, d’une part, d’une campagne militaire meurtrière contre les masses révolutionnaire et, d’autre part, de l’importance croissante de la résistance armée formée par des militaires déserteurs rejoints par des civils, les marxistes révolutionnaires soutiennent cette dernière. Ils appellent à la réunification des brigades de résistance armée sous un seul commandement militaire soumis lui-même à une direction politique et aux objectifs de la révolution, à savoir les coordinations révolutionnaires de terrain. Ils rappellent également que le rôle de cette résistance, dans la phase actuelle doit être de protéger les populations civiles, les manifestations pacifiques et de résister à toute attaque de l’armée.

Mais n’oublions pas que les zones les plus résistantes à la répression du régime sont celles où vivent les masses exploitées, opprimées et marginalisées. Leur slogan ces dernières semaines était « Palestine attends-nous, nous voulons nous libérer avant de te libérer ».Contre toute interventionLa déclaration du chef d’Al-Qaïda ajoute de l’eau au moulin de la dictature et lui fournit un prétexte, si elle en avait encore besoin, pour justifier sa répression sanguinaire contre les masses révoltées. L’appel du chef intégriste reste par ailleurs nul et sans écho parmi les masses car le caractère civil, démocratique et social de la révolte laisse peu de prise à ces « fous de Dieu ». Le slogan répandu dans les manifestations est d’ailleurs « Ni salafisme ni Frères musulmans, notre confession est la liberté ». Chaque fois que s’est produit un acte de vengeance ou une déclaration de haine confessionnelle ou religieuse, les forces politiques, les coordinations révolutionnaires et les masses révoltées l’ont condamné et isolé fermement.

La Syrie est un enjeu géostratégique pour les pays occidentaux et leurs alliés, les pays réactionnaires arabes du Golfe, d’une part et la Russie, la Chine et l’Iran, d’autre part. L’acharnement des premiers à mettre la main sur le destin du peuple syrien rencontre l’opposition des seconds qui refusent de perdre leur dernier allié.Nous nous opposons à toute intervention militaire extérieure dans notre pays. Les masses révoltées contre un régime autoritaire et sanguinaire pour retrouver leur liberté et leur droit à l’auto-détermination, considéreront toute intervention militaire comme une invasion et s’y opposeront par tous les moyens.

Le peuple syrien révolutionnaire finira par faire tomber le régime par ses propres moyens. Il a besoin de la solidarité internationale des peuples.

Ghayath Naisse