Depuis plusieurs années, solidaritéS dénonce les inégalités inhérentes au système de retraite suisse et lutte pour de meilleures rentes. Cette année, nous devons pouvoir défendre un Non solide au projet de contre-réforme AVS 21.
L’AVS [Assurance-vieillesse et survivants] n’est pas en danger, elle est bénéficiaire. En 2020, les finances de l’AVS ont bouclé sur un bénéfice de 1,9 milliard de francs [1,8 milliard d’euros]. Sa fortune se monte à plus de 47 milliards [44,8 milliards d’euros]. Depuis 1975, les cotisations paritaires sont restées stables. À noter que l’AVS serait encore plus riche si l’égalité salariale était respectée ! Là où le bât blesse, c’est que de nombreux retraitéEs ne touchent pas la rente minimum de 2 390 francs [2 280 euros]. Celle-ci ne permet pas de couvrir les besoins vitaux, contrairement à ce qui est prévu dans la Constitution fédérale. Nous revendiquons donc une hausse des rentes, non pas l’augmentation de l’âge de la retraite !
Lutter contre le chômage
Les mêmes milieux qui veulent augmenter l’âge de la retraite licencient ou n’engagent pas les personnes âgées de 50 ans et plus. Ces personnes attendront donc une année supplémentaire avant de toucher leur retraite et les jeunes qui peinent à trouver un premier emploi devront aussi attendre davantage.
Refuser AVS 21, c’est également lutter contre le chômage !
Contre une flexibilisation anti-sociale de l’âge de la retraite
La flexibilisation prévue de l’âge de la retraite (entre 63 et 70 ans) va renforcer les inégalités : ce sont les personnes les mieux payées qui pourront quitter leur travail dès 63 ans, car elles seront en mesure d’assumer la baisse de rente que cela implique.
Par contre, les personnes qui ont des bas salaires, des temps partiels, souvent les emplois les plus pénibles, devront travailler jusqu’au bout. Elles n’auront pas le choix, malgré la pénibilité de leur travail et une espérance de vie qui diminuera d’autant. Nous revendiquons une diminution générale de l’âge de la retraite !
Pour une AVS renforcée qui tienne compte des différents parcours de vie
Le système de retraite, en particulier le 2e pilier ne prend pas en compte les parcours professionnels des personnes précarisées ou qui interrompent pendant un certain temps leur carrière, par exemple pour effectuer des tâches non rémunérées et pourtant indispensables (care). Ce sont majoritairement les femmes qui arrêtent de travailler ou qui prennent des temps partiels.
L’AVS prévoit bien un bonus éducatif et le splitting [partage des revenus] pour les couples mariés, mais cela ne compense pas le manque de cotisations qui fait que bon nombre de femmes ne touchent pas une rente AVS entière, sans parler du 2e pilier encore plus pénalisant. Nous nous battons pour le renforcement de l’AVS !
Travaillons moins pour notre santé et la planète
Le financement actuel de l’AVS par les cotisations paritaires (salariales et patronales) ne reflète pas l’énorme quantité de biens et services produits, et ceci pour plusieurs raisons : la sous-évaluation des travaux que le marché ne rémunère pas ou très peu (notamment le travail domestique et de soin, effectué en grande majorité par les femmes et les personnes racisées), le trop faible montant cotisé par les hauts revenus, ainsi que la soustraction aux cotisations des profits. Une partie de la richesse produite échappe donc aux caisses de l’AVS.
Le capitalisme démontre donc une nouvelle fois que malgré un système de production effréné, il n’est pas en mesure de garantir des conditions de vie dignes, en l’occurrence une retraite longue et en bonne santé et des rentes dignes pour touTEs.
Un autre système, féministe et écosocialiste, est possible. Un système où le travail est équitablement réparti et où l’âge de la retraite est déterminé en fonction de la quantité de travail nécessaire à ce que la collectivité décide de produire, dans le respect des capacités planétaires. Ce système de production implique une diminution de l’âge de départ à la retraite et plus généralement une réduction massive du temps de travail et des revenus dignes tout au long de la vie.
Publié dans le n° 401 de solidaritéS (Suisse)