La population suisse sera amenée, le 25 septembre, à se prononcer sur la réforme AVS 211 lors d’une votation. Nous publions le point de vue de nos camarades de solidaritéS quant à cette votation.
S’il était accepté, le projet AVS 21 contribuerait à renforcer les inégalités de genre liées au système capitaliste.
Les femmes encore plus pénalisées
En prévoyant de relever l’âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans, il pénalise à nouveau les femmes qui, rappelons-le, effectuent encore aujourd’hui 70 % des tâches dites de care (« soin » en anglais). Ce sont elles qui s’occupent des enfants, des personnes âgées, du ménage et de nombreuses autres tâches dévalorisées et néanmoins essentielles. Lorsque ces tâches sont endossées dans un cadre professionnel (aide-soignante, femme de ménage ou encore puéricultrice), elles sont mal rétribuées. Dans le cadre privé, elles ne sont même pas reconnues comme un travail, ce qui participe à entraîner les femmes dans la pauvreté à l’âge de la retraite, puisque celles-ci touchent des rentes en moyenne inférieures de 37 % à celles des hommes.
En demandant aux femmes de travailler une année supplémentaire, cette réforme les discrimine à nouveau. Pour financer les 10 milliards d’économie prévus par AVS 21, il suffirait d’ailleurs de faire disparaître la part inexpliquée de l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes, ce qui entraînerait une augmentation des cotisations !
Ce n’est pas l’AVS qui va mal, mais le deuxième pilier2. En échouant à garantir les rentes promises, celui-ci démultiplie les inégalités salariales au niveau du montant des retraites. La preuve : 337 000 retraitéEs, dont les 2/3 sont des femmes, doivent recourir aux prestations complémentaires pour survivre. L’augmentation des rentes est impérative.
Il faut augmenter les rentes et diminuer le temps de travail pour mieux le répartir au sein de la population.
Il faut s’opposer à AVS 21 !
Une solution simple pour rendre notre système de prévoyance plus durable, plus solidaire et plus juste serait de fondre le deuxième pilier, gouffre à salaires, dans l’AVS, qui aura alors toutes les ressources pour devenir une véritable assurance sociale.
De plus, un tel système mettrait fin aux investissements massifs que font les caisses de pension dans les énergies fossiles ou encore dans l’immobilier.
N’est-ce pas absurde que notre propre argent, celui de notre deuxième pilier, soit utilisé par ces financiers pour détruire l’environnement et contribuer à l’augmentation de nos loyers ?
Renforcer l’AVS permettrait d’aller vers un système de retraites plus écologique, favorisant la redistribution des richesses et œuvrant ainsi à plus de justice sociale.
Accepter d’augmenter l’âge de la retraite des femmes, c’est aussi et surtout ouvrir la porte à l’augmentation de l’âge de la retraite pour tous. Une initiative qui prévoit un départ à la retraite à 67 ans a d’ailleurs été déposée. Or, les effets seraient terribles sur les personnes entre 60 et 65 ans, surreprésentées parmi les chômeurEs de longue durée.
Aujourd’hui les chiffres le démontrent : un an avant l’âge de départ ordinaire à la retraite, seule une personne sur deux travaille encore. Les perspectives sur le marché du travail ne vont pas s’améliorer magiquement !
Augmenter l’âge de la retraite ne va que pousser encore plus de personne vers le chômage de longue durée ou l’aide sociale. Il est essentiel de s’opposer à AVS 21 qui n’est qu’un premier pas pour ceux qui veulent nous faire travailler toujours plus et remettent en cause les acquis sociaux.
Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’économies sur le dos des femmes, mais d’une augmentation des rentes AVS et d’une baisse de l’âge de la retraite pour touTEs ! Nous voulons travailler moins pour vivre mieux et profiter d’une vraie retraite ! Pour un véritable système de retraite égalitaire et solidaire, féministe et écologique !
Publié sur https://solidarites.ch/