Publié le Mercredi 23 décembre 2020 à 15h42.

Sur fond de crise, la gauche étatsunienne se prépare pour une nouvelle année de luttes 

Alors que les États-Unis disposent désormais de deux vaccins, la crise sanitaire continue de s'aggraver : 20 millions de cas, 115 000 personnes actuellement hospitalisées, 330 000 décès. 

Les personnels de santé sont les premiers à être vaccinés. Plus de 100 000 doses leur ont déjà été distribuées et la distribution de 7,9 millions de doses supplémentaires débutera cette semaine. Ce n'est qu'un début puisqu'il y a 21 millions de travailleurEs de la santé et 3 millions de salariéEs des maisons de retraite à vacciner.

Campagne de vaccination 

Le Centre pour le contrôle des maladies recommande que les prochains à être vaccinés soient les personnes âgées de plus de 74 ans (20 millions) et 50 millions de « travailleurEs essentiels », soit seulement une partie d’entre eux (on peut considérer qu’il y en a 70 millions). Outre les personnels de santé, les « travailleurs essentiels » comprennent les enseignantEs, les pompiers, la police et bien d’autres, et on ne sait pas vraiment qui, parmi elles et eux, seront vaccinés en premier. Le Syndicat uni des travailleurs de l’alimentation et du commerce fait pression sur le gouvernement pour qu’il donne la priorité aux salariéEs de la distribution alimentaire, de l’emballage de la viande et de la transformation des aliments car des milliers de ces travailleurEs sont morts.

Pour obtenir l'immunité collective et un retour à quelque chose de « normal », au moins 70 pour cent de la population — soit environ 230 millions de personnes — doivent être vaccinés. Beaucoup de gens parmi les travailleurEs à bas salaire, la population noire et latino, expriment des réticences face à la vaccination en raison du manque de confiance dans le gouvernement du fait de sa gestion de cette crise et des crises antérieures.

La mascarade Trump se poursuit

Pour le moment, le virus continue de ravager le pays, remplissant des hôpitaux déjà débordés, de sorte que des patientEs sont désormais traités dans des tentes ou des entrepôts tandis que des cadavres sont stockés dans des camions frigorifiques. La propagation du virus continue d’être favorisée par le manque d’impulsion de Trump et du gouvernement fédéral et par les politiques incohérentes des 50 États. Le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott, par exemple, a déclaré que son État de près de 30 millions de personnes n'aura plus aucun confinement.

Donald Trump, qui revendique le mérite du vaccin et ignore la propagation continue de la pandémie, continue d'insister sur le fait que l'élection a été volée et qu'il a gagné, malgré la perte de 60 procès et de deux décisions de la Cour suprême. Il continue de flirter avec les fantasmes d'un coup d'État qui pourrait le maintenir au pouvoir. Lors d'une réunion avec Trump vendredi dernier, son ancien conseiller à la sécurité nationale, le général Michael Flynn, a suggéré de déclarer la loi martiale pour empêcher le président élu Joseph Biden de prendre ses fonctions. Trump dit que — s'il ne déclare pas la loi martiale — il pourrait chercher à relancer son émission télévisée « The Apprentice ». La mascarade continue donc, pendant que des milliers de personnes meurent de maladie et que des millions perdent leur emploi.

Crise sociale d’ampleur

Les chiffres officiels font état d'un total de dix millions de chômeurEs, mais cela n'inclut pas les travailleurEs découragés qui ne cherchent plus d'emploi et d’autres qui n'ont pas été dénombrés. Le chiffre réel pourrait atteindre le double. Quelque 30 millions de personnes pourraient être expulsées de leur logement et 50 millions ont besoin d'une aide alimentaire. Environ 10 millions de travailleurEs perdront leurs prestations de chômage à la fin décembre avec le terme d'un programme d'aide fédérale. Devant la profondeur de la crise, un compromis entre Démocrates et Républicains est intervenu au Congrès, qui vient de voter un nouveau plan de soutien comprenant un versement unique de 600 dollars par adulte et par enfant pour les bas revenus. Les allocations chômage seront également temporairement revues à la hausse (pour un montant moindre que lors du plan précédent). Des mesures pour éviter les expulsions sont  également prolongées. Sur un total de 900 milliards, 284 sont consacrés aux entreprises.

Les luttes qui viennent 

Au-delà de ces mesures immédiates, Biden aura du mal à mettre en œuvre son programme à moins que les Démocrates ne remportent au second tour les deux postes de sénateurs encore à élire en Géorgie. Si les Démocrates perdent, les Républicains conserveront une majorité au Sénat, si les Démocrates gagnent ils pourraient contrôler le Sénat grâce au vote de la vice-présidente Kamala Harris. En réalité, dans tous les cas, nous aurons à combattre Biden, les Démocrates et les Républicains. 

La plus importante organisation de la gauche, les Socialistes démocratiques d'Amérique (DSA), compte cinq membres à la Chambre des représentants des États-Unis (sur 435), ainsi que sept membres dans les Sénats des États et 30 membres dans leurs chambres basses. DSA compte également des centaines d'autres élus. DSA prévoit de faire campagne pour Medicare pour tous, pour une éducation gratuite dans les collèges publics et pour un salaire minimum de 15 dollars de l'heure. Et DSA est engagée dans la construction du féminisme socialiste, dans plusieurs campagnes de syndicalisation des travailleurs, dans la lutte pour les droits des immigréEs et contre le racisme et les violence policières. Une nouvelle année de luttes arrive. 

Traduction Henri Wilno