Les observateurs arabes envoyés en Syrie en vertu du protocole signé fin novembre 2011 entre le gouvernement syrien et le secrétariat général de la Ligue arabe sont arrivés le 26 décembre. Cette mission s’intègre au plan arabe annoncé début octobre, qui exige l’arrêt de la répression, le retrait de l’armée syrienne des villes, la libération des détenus et l’ouverture du dialogue entre le régime et l’opposition pour préparer une période de transition.
Mais la présence des ces observateurs a eu pour effet d’encourager un nombre plus important de Syriens à manifester et de tripler le nombre des victimes civiles tuées par les forces armées du régime. Depuis leur arrivée, 400 civils ont été tués et Damas a connu au moins trois attentats suicides avec des dizaines de morts, dont deux le jour même de leur arrivée. Derrière ces attentats plane une lourde suspicion envers les mains invisibles des services secrets syriens qui viseraient à amplifier le climat de terreur dans le pays. Les observateurs eux-mêmes sont encadrés dans leurs déplacements et sont parfois malmenés et/ou manipulés. Trois d’entre eux ont été blessés par des loyalistes à Lattaquié le 9 janvier, et deux autres ont déjà démissionné, refusant de servir d’alibi à un massacre contre la population. La présence des médias en Syrie, imposée par le plan arabe, a été elle aussi été mise à mal, un journaliste français ayant été tué par une attaque d’origine « inconnue », le 11 janvier.
En effet, la dictature fait tout pour éliminer toute entrave à sa politique de répression féroce contre le peuple syrien révolté.
Le dictateur dans son quatrième discours depuis la révolution a fait un pas en arrière dans ses promesses de réforme, en parlant d’un « gouvernement élargi » en donnant des postes à quelques opposants « patriotes », mais le plus grave réside dans sa déclaration visant à écraser rapidement et définitivement le « complot ». Il a appelé à la formation de brigades armées pour soutenir l’armée dans ce combat final... contre son peuple, révélant ainsi la nature fascisante de son régime.
Détermination
Et pourtant, la révolution continue, malgré ses coûts humains de plus en plus élevés et une situation de plus en plus dramatique pour une grande partie de la population : effondrement économique, déplacement des populations, des milliers de militants dans la clandestinité, des milliers de blessés cachés, les coupures quotidiennes et de longue durée de l’électricité et la pénurie de fioul….
Le régime syrien poursuit sa politique de la terre brûlée contre les masses révoltées. Il annonce un durcissement de la répression et menace même les Syriens restés muets ou « neutres », car selon le dictateur lors de son dernier discours, celui qui encourage l’anarchie est complice du terrorisme.
Les formations révolutionnaires en Syrie (coordinations et groupes) ont été déçues par l’écart énorme qui sépare les comportements, les déclarations, l’inaction, la vision à court terme et les luttes intestines qui ravagent les deux coalitions opposées (le Conseil national syrien et la Commission nationale pour le changement démocratique) et la réalité sur le terrain. Les slogans des villes déclarant que le peuple syrien est seul devant cette machine à tuer reflètent la déception des masses syriennes face à cette opposition « médiatique ». C’est pourquoi le dialogue progresse entre la majorité de ces groupes révolutionnaires de terrain pour les unifier en vue de la constitution d’une formation commune, démocratique, laïque et sociale, à même de mener la révolution à son terme : la victoire. La gauche révolutionnaire syrienne est activement engagée dans cette démarche.
Ghayath Naisse