C’est l’introuvable union nationale... Hollande espérait en jouant le zélé va-t-en guerre pour reprendre la main, affirmer son autorité et obliger la droite à le soutenir. Non seulement Obama l’a laissé seul, mais les deux tiers de l’opinion sont opposés à une intervention et le débat parlementaire est loin d’avoir rassemblé.
Difficile de passer du capitaine de pédalo au chef de guerre, et surtout de convaincre de la sincérité de ses intentions, quand, après avoir refusé toute aide à l’opposition syrienne, abandonné les populations victimes de la dictature, Hollande prétend justifier une intervention militaire en prenant argument de la barbarie des armes chimiques. Le 4 septembre, à l’Assemblée nationale, devant les deux tiers des députés, le Premier ministre a parlé du « plus massif et terrifiant usage de l’arme chimique en ce début de siècle » pour donner une légitimité morale à l’intervention. « Face à la barbarie, la passivité n’est pas une option. [...] Oui, la solution à la crise syrienne sera politique et non militaire. Mais regardons la réalité en face : si nous ne mettons pas un coup d’arrêt à de tels agissements du régime, il n’y aura pas de solution politique », a-t-il argumenté.
Cacophonie réactionnaire
Ce discours, hypocrite et confus, n’a pas rassemblé comme il prétendait le faire. Il y a bien les zélés du PS, comme Harlem Désir dénonçant « les Munichois » ou Assouline qui déclare que « l’absence de réaction de la communauté internationale serait une lâcheté », ainsi que les Verts qui rentrent dans le rang... tout en osant demander un vote. Ce fut la cacophonie généralisée, les contorsions de la droite répondant à celles du gouvernement.
L’UMP pose ses conditions : « La publication du rapport des experts des Nations unies pour savoir comment les armes chimiques ont été utilisées, par qui et dans quelles conditions, et une base juridique solide et claire, c’est-à-dire une résolution des Nations unies. » Tout en s’excusant, Christian Jacob attaque : « François Hollande a convoqué le Parlement avant d’avoir pris quelque décision que ce soit. Qu’il ne s’étonne pas de se voir réclamer un vote. Avec cette convocation à contre-temps, il a pris le risque d’affaiblir la fonction présidentielle ». Et d’exiger un vote ! Copé qui avait dans un premier temps soutenu Hollande, désapprouve la demande d’un vote et même l’intervention : « il n’y a pas de raison pour la France d’intervenir » dans un conflit entre « un régime syrien qui commet des crimes atroces, avec la complicité du Hezbollah, et une opposition dont la composante radicale n’a pas cessé de croître ». Il s’aligne ainsi sur les positions de Marine Le Pen qui s’oppose à une intervention qui « consisterait à venir apporter une aide évidente à Al-Qaïda, au fondamentalisme islamique, qui est aujourd’hui à l’œuvre en Syrie »...
On aurait espéré que, dans cette cacophonie réactionnaire, une voix claire se fasse entendre, internationaliste, solidaire de la révolte de la population, défendant le droit des peuples. Pour le Front de gauche, André Chassaigne qui a affirmé son opposition résolue à toute intervention, est resté dans une certaine confusion vis-à-vis de la dictature d’Assad, se refusant à ce que Paris soit le « supplétif » de Washington et faisant du vote du Parlement un véritable enjeu...
Non à l’intervention, dehors Assad, non aux manœuvres impérialistes d’où qu’elles viennent, au peuple syrien de décider
Publié le Jeudi 12 septembre 2013 à 22h11.