Publié le Jeudi 23 janvier 2014 à 18h00.

Syrie : solidarité avec les réfugiés palestiniens

Dans la guerre civile qui ravage toute la Syrie, le peuple palestinien subit une répression particulière. Pris en tenaille dans un conflit qui ne les concerne qu’indirectement, le pouvoir de Bachar el-Assad entend lui faire payer sa participation au côté des autres communautés syriennes au soulèvement populaire contre la dictature.

Peuplé de 150 000 réfugiéEs en 2011, le camp de Yarmouk ne compte plus aujourd’hui que 18 000 survivantEs dans un champ de ruines. Encerclés par l’armée, pris dans un piège redoutable d’efficacité, affamés par un blocus alimentaire et sanitaire de près d’un an, les habitantEs épuiséEs en sont réduits à manger... de l’herbe. Plusieurs dizaines de personnes sont mortes de faim ou de déshydratation. Voie stratégique pour l’armée syrienne comme pour les rebelles, le camp de Yarmouk situé entre l’aéroport et le centre de Damas, est l’objet d’affrontements armés permanents, infligeant à ses habitants des souffrances intolérables.

Que font les autorités inter­nationales face cette tragédie ?Rien... ou presque : le porte­-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens a indiqué que l’UNRWA avait fourni... 200 paquets de nourriture, à condition que ceux-ci soient remis à la population et pas aux combattants. Le « responsable des droits de l’homme » à l’ONU a averti que « les entraves qu’imposent les forces pro-gouvernementales à l’arrivée de l’aide destinée aux réfugiés de Yarmouk pourraient constituer un crime de guerre »... Bachar en tremble encore !

Que font les organisations palestiniennes ?L’évolution de la situation vers une guerre totale entre l’armée syrienne et l’Armée syrienne libre a laissé peu de place à l’expression d’une contestation autre qu’armée, à laquelle la grande majorité des réfugiés palestiniens n’a pas pris part, à l’exception de deux organisations (minoritaires) qui soutiennent la dictature : le FPLP-CG (Ahmed Jibril) et le Fatha-Intifada. En dehors des deux exceptions, l’ensemble des forces politiques refusent de s’impliquer dans un conflit qu’ils ne considèrent pas comme le leur.

Comment soutenir les réfugiés palestiniens de Yarmouk ?Plusieurs initiatives sont en cour pour faire parvenir directement une aide d’urgence : le Croissant rouge palestinien lancera dans les prochains jours une campagne « pour venir en aide aux populations civiles assiégées ». L’AFPS (Association France Palestine Solidarité) mobilise son fonds (SOS Palestine) dans le même but. Au-delà de l’urgence de la situation qui nécessite un soutien financier rapide, les anticapitalistes doivent plus que jamais se mobiliser sur la question du soutien au peuple palestinien, soutien qui ne réduit pas aux seules actions de la campagne BDS. 2014 est paraît-il l’année de la Palestine, faisons en sorte que cette déclaration d’intention se transforme en actes. La tragédie de Yarmouk est là pour nous rappeler que la question du droit au retour des réfugiéEs palestiniens ne peut pas être toujours repoussée à plus tard. Il en est de même pour la levée du blocus de Gaza qui nécessiterait à elle seule une nouvelle campagne internationale.

Alain Pojolat