Publié le Mercredi 1 février 2017 à 10h55.

Trump : fuite en avant, provocations et racisme

Face à son impopularité, à l’hostilité, aux inquiétudes, à la colère qu’il génère, Trump n’a d’autre réponse que la fuite en avant, les surenchères et les provocations pour tenter d’affirmer son autorité.

Le néo-président cherche ainsi à subjuguer l’opinion, générer la peur, faire oublier son allégeance à Wall Street, mais il suscite en fait une nouvelle vague de manifestations et de contestation.

Racisme institutionnel

Après avoir signé le décret ouvrant la voie à la construction d’un mur tout le long des 3 100 km de frontière entre les États-Unis et le Mexique – dont plus d’un millier de kilomètres sont déjà dotés (de manière discontinue) de barrières, clôtures et murs, érigés sous la présidence de Bush – Trump s’attaque à plus de 200 villes et 300 juridictions locales.

Cela concerne notamment les villes de New York et Los Angeles qui revendiquent un statut de « sanctuaire » pour les migrantEs sans papiers, quelque 11 millions de personnes. Celles-ci ont réagi immédiatement pour dire leur détermination à empêcher les expulsions et à dénoncer l’arrogance de Trump.

Ce dernier veut en prime créer 5 000 postes supplémentaires de policiers assignés à la protection des frontières en renfort des quelque 21 000 actuels...

La guerre contre les victimes

Dans la foulée, vendredi dernier, Trump a décrété l’interdiction de l’entrée aux USA à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (et de façon indéfinie pour les réfugiés syriens), ainsi qu’à tous les ressortissants de sept pays pendant 90 jours : Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. Des pays qui seraient les bases arrière des « terroristes », mais l’Arabie saoudite, le Qatar ou l’Afghanistan n’en font pas partie... Les réfugiés syriens, qui ont fui par millions la guerre, mais dont seulement 18 000 ont été acceptés aux États-Unis depuis 2011, sont interdits d’entrée jusqu’à nouvel ordre. « Je ne veux pas de terrorisme dans ce pays », a brutalement asséné Trump ! 

Cette mesure a soulevé une vague d’indignation aux USA et dans le monde entier. Des avocats se mobilisent, des juges se sont opposés à des interdictions d’entrer, et la constitutionnalité du décret est contestée. Trump a limogé sur le champ la responsable par intérim du département de la justice qui avait demandé à ses services de ne pas défendre le décret présidentiel, par ailleurs contesté notamment par l’État de Washington.

« Les réfugiés sont les bienvenus ! » ont scandé quelque 10 000 personnes à Manhattan. Des rassemblements spontanés de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu dans une demi-douzaine d’aéroports du pays, ainsi qu’à l’étranger, en particulier en Grande-Bretagne où Theresa May s’est illustrée par son alignement honteux sur Trump.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont dénoncé cette guerre faite aux personnes fuyant les guerres et les persécutions. « Les besoins des réfugiés et des migrants à travers le monde n’ont jamais été aussi grands, et le programme américain de réinstallation est l’un des plus importants du monde ». Oui, mais Trump a décidé d’en finir.

Wall Street exulte

Dans le même temps, Trump s’empresse auprès du patronat, publiant une ordonnance en vue de réduire les règles permettant d’autoriser de nouveaux projets industriels. Il se vante de réduire de 75 % les procédures administratives « incroyablement lourdes, longues et horribles ». Il a rencontré les patrons de General Motors, Ford et Chrysler et leur a promis de réduire les réglementations et les impôts pour rendre l’investissement aux États-Unis encore plus rentable. Il est aussi revenu sur l’annulation de la construction des oléoducs Keystone XL et Dakota Access et a annoncé un « Moratoire sur les nouveaux traités multilatéraux » et la révision de tous les traités existants...

Wall Street est aux anges, le Down Jones poursuit sa progression au-delà de la barre historique des 20 000... Les financiers ont bien compris que Trump était à leur service, contre les travailleurs et les peuples. Peut-être ont-ils oublié que ces derniers étaient capables de réactions vives et imprévisibles.

Yvan Lemaitre