Publié le Vendredi 21 février 2025 à 08h00.

Trump transforme les alliances mondiales et instaure une nouvelle ère impérialiste

Donald Trump modifie fondamentalement la politique étrangère des États-Unis et ébranle les alliances mondiales en place depuis quatre-vingts ans. Il a ainsi choisi Vladimir Poutine plutôt que l’Otan et l’Europe. 

Trump et Poutine ont apparemment l’intention d’imposer un traité qui obligerait l’Ukraine à céder 20 % de son territoire et lui interdirait d’adhérer à l’Otan. Trump souligne la faiblesse des sondages de popularité du président Volodymyr Zelensky, suggérant qu’il n’a pas le droit de parler au nom de l’Ukraine. Les États-Unis et la Russie sont depuis longtemps des puissances impériales ; désormais ils coopèrent et isolent des négociations de paix les puissances européennes qui craignent que si la Russie gagne des territoires en Ukraine, le prochain mouvement de Poutine soit éventuellement en direction de la Transnistrie, la Moldavie, l’Estonie voire la Pologne.

L’œil d’un agent immobilier sur Gaza

Au Moyen-Orient, Trump, qui admire l’autoritaire Benyamin Netanyahou et soutient Israël, propose de terminer la guerre en transformant Gaza en colonie américaine et en expulsant les deux millions de PalestinienNEs, en violation du droit international. Il suggère d’envoyer les PalestinienNEs en Égypte et en Jordanie et laisse entendre que l’Arabie saoudite pourrait financer son plan. L’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite se sont déclarées opposées à ce plan, mais Trump menace de réduire leur aide américaine s’ils n’acceptent pas. Une fois expulséEs, les PalestinienNEs ne seront pas autorisés à retourner dans leur pays, selon Trump. Avec l’œil d’un agent immobilier, il affirme que Gaza deviendra « la Riviera du Moyen-Orient », une station balnéaire internationale. 

Autour du canal de Panama

Dans l’hémisphère occidental, Trump affirme qu’il s’emparera par la force si nécessaire du Groenland, possession du Danemark, membre de l’Otan. Il veut également faire main basse sur le canal de Panama, affirmant que la Chine contrôle désormais cette voie d’eau cruciale parce qu’une entreprise chinoise a des activités dans des ports situés à la fois sur les rives de l’Atlantique et du Pacifique. La menace de Trump a conduit le président du pays, José Raúl Mulino Quintero, à accepter des déportéEs américains d’origine africaine et asiatique dans son pays afin d’amadouer Trump. Lequel dit vouloir également absorber le Canada pour en faire le 51e État, une déclaration que le Premier ministre Justin Trudeau a qualifiée de véritable menace, tout en déclarant qu’il n’y a « pas la moindre chance ».

Droits de douane et immigration

En rupture avec les pratiques antérieures, Trump utilise les droits de douane de manière agressive contre des concurrents comme la Chine et contre des alliés comme le Canada, le Mexique et l’Union européenne. Il a pour l’instant reporté les droits de douane de 25 % annoncés pour le Mexique et le Canada, mais il a augmenté de 10 % ceux sur les produits chinois. La Chine a répondu.

La politique d’immigration de Trump a également été source de conflits. Lorsque les États-Unis ont expulsé des immigrantEs colombienNEs sans papiers dans des avions militaires, le président de gauche Gustavo Francisco Petro a refusé de laisser l’avion atterrir car les citoyenNEs du pays n’étaient pas traitéEs avec dignité. Menacé de tarifs douaniers de 25 %, Petro a cédé et a exhorté les ColombienNEs sans papiers à rentrer chez eux afin d’éviter de nouvelles frictions avec les États-Unis, affirmant qu’il apporterait son soutien à ceux qui reviendraient. Gustavo Petro a également annulé un contrat de 880 millions de dollars conclu par une société publique équatorienne avec la compagnie américaine Occidental Petroleum pour la réalisation de fracturations hydrauliques aux États-Unis.

Suppression de l’aide humanitaire

Enfin, la décision de Trump et de son partenaire milliardaire Elon Musk de fermer l’Agence américaine pour le développement international (USAID), le bras armé de l’Amérique depuis soixante ans, a conduit à l’annulation soudaine de millions de dollars d’aide humanitaire — nourriture, médicaments, écoles — dans 100 pays et au licenciement d’un grand nombre des 10 000 employéEs internationaux de l’agence. Trump est ainsi apparu comme l’ennemi de millions de personnes. Détestable !

Dan La Botz, traduction Henri Wilno