Alors que des représentants du parti islamiste Ennhadha multiplient les déclarations apaisantes auprès des médias occidentaux, les attaques se multiplient en Tunisie contre les droits et libertés des femmes. Souad Abderrahim, vitrine électorale d’Ennahdha, a déclaré que les mères célibataires sont une infamie pour la Tunisie : « J’ai honte quand je vois un peuple arabo-musulman essayant de justifier des femmes qui ont péché ! Éthiquement, elles n’ont pas le droit d’exister ». Elle a par ailleurs souligné que seules les victimes de viol doivent avoir droit à la protection de la loi : il ne doit pas en être question pour celles qui ont des relations et des enfants hors mariage. Elle a ajouté que les Tunisiens devaient préserver leurs mœurs et se battre pour une liberté conforme aux normes d’une société arabo-musulmane : « il n’y a pas de place pour une liberté intégrale ou absolue ». Des faits alarmantsLa Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS-UGTT) alerte sur une série d’agressions contre des femmes dans les universités tunisiennes. Elle informe, entre autres, que des étudiants ont brutalement pris à partie des enseignantes coupables, à leurs yeux, de ne pas porter de voile : « leurs enseignements furent boycottés pour les obliger à changer de tenue vestimentaire ». À l’École supérieure de commerce de Manouba « un petit groupe d’étudiants s’en est pris à l’une de nos collègues, lui reprochant sa tenue vestimentaire. Elle fut l’objet d’interpellations, moqueries, sifflements et autres insultes jusqu’à son entrée en salle de classe. Le groupe renouvela ses comportements vexatoires quand notre collègue sortit, à la fin de son cours. À l’entrée de la même institution, une autre enseignante a été agressée, alors qu’elle était dans sa voiture, par le même groupe qui asséna des coups de pied au véhicule, alors qu’un des éléments du groupe, faisant entrer son bras par la fenêtre de la portière avant, parvenait à l’agresser physiquement. » L’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) condamne de telles tentatives d’intimidation. Celles-ci constituent des « tentatives pour saper les acquis sociétaux et pour faire courir au pays les dangers de la tyrannie ». « Nous appelons [...] à sensibiliser l’opinion publique à la vigilance, à l’engagement, ainsi qu’à la défense des institutions éducatives, loin de de toutes les récupérations partisanes et religieuses. » Le danger du mélange entre religion et politiqueCeux qui se basent sur une conception religieuse pour définir la loi et les normes sociales, peuvent stigmatiser comme pêché des comportements qu’ils rejettent et, au nom de l’autorité divine, étouffer la contradiction. C’est sans doute un des enjeux de la situation tunisienne : les forces progressistes doivent empêcher que sur le terrain, ne s’imposent des conceptions archaïques dans la vie quotidienne, et en particulier envers les femmes qui sont toujours les premières victimes de la réaction.
Commission Maghreb du NPA