Publié le Mardi 10 juillet 2012 à 10h49.

Tunisie Répression antisyndicale

Mi-mai, une plainte a été déposée à l’encontre du syndicaliste Adnen Hajji, symbole de la lutte du bassin minier, par un membre d’Ennahdha pour prétendue « incitation au meurtre » contre des salafistes. Elle intervient dans un contexte de remonté des luttes où le pouvoir, dirigé par Ennahdha, intensifie la répression.La population de Redeyef, les militants, les syndicalistes ont organisé la riposte, et le pouvoir semble avoir fait marche arrière. Dans quel contexte s’inscrit cette attaque contre toi ?Il y a déjà eu plusieurs appels et incitations au meurtre envers des militants et, par sa politique, le gouvernement les a appuyées. Le dépôt de cette plainte est une attaque contre toute la région, contre la voix revendicative qu’elle porte, et surtout contre les dirigeants du mouvement social. Ce gouvernement tente, en cassant les symboles du bassin minier, de faire taire la population. Ce procès est une stratégie du gouvernement pour dévier des causes primordiales de la révolution. En effet depuis une dizaine de jours les gens ne parlent que du procès au lieu de parler de leurs véritables problèmes, alors qu’ils sont toujours d’actualité et même aggravés. Ainsi la région sera encore plus marginalisée et oubliée.L’annonce de projets fantoches pour la région par le gouvernement, ainsi que la visite d’un ministre pour calmer la population n’a pas atténué la colère de la région car ses projets ne répondent pas aux besoins de la région et aux ambitions de ses habitants. Quelle est la perspective de cette bataille ?Les différents acteurs de la société civile et politiques se sont réunis pour élaborer un plan d’action et de solidarité. Une pétition populaire a commencé à tourner dans la région, une assemblée générale ainsi qu’une manifestation ont été organisées aujourd’hui ayant pour but de mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il ferme au plus vite ce dossier. Un rassemblement devant le tribunal de Gafsa est aussi organisé pour demain.Les militants m’ont appelé pour exprimer leur solidarité et ils seront présents demain devant le tribunal. Il y a eu des déclarations de solidarité de la part de différents acteurs de la société civile et politique. Il y aussi une pétition sur internet destiné aux militants à l’étranger et aux activistes sur internet.Si ce procès continue et qu’il y a condamnation, ce sera un désastre pour toute la région. Redeyef ne se taira pas, et il risque d’y avoir une confrontation avec ce gouvernement. Qu’attendez-vous en termes de solidarité ?J’espère profondément que l’UGTT, avec sa force et son poids jouera un rôle important pour arrêter cette procédure. Nous attendons également beaucoup de choses des camarades et militants partout dans le monde. Ça ne m’étonne pas que nos camarades français, et partout dans le monde, soient solidaires de ma cause car, déjà en 2008, les militants français ont beaucoup soutenu le mouvement de Gafsa-Redeyef et je les en remercie. Ils étaient très intéressés par les revendications du bassin miner et ont transmis sa voix. Ainsi ils ont mis la pression sur le régime de Ben Ali pour la libération des condamnés. Je crois qu’aujourd’hui encore ils peuvent jouer ce rôle et être des acteurs pour arrêter cette procédure.La version longue de ce texte est disponible sur www.europe-solidaire.org