Les travailleurs de l’entreprise de tabac Tekel sont en grève, depuis le 15 décembre 2009, contre la privatisation de leur entreprise publique qui va entraîner leur licenciement. L’ancien monopole public a été vendu par le gouvernement à British American Tobacco, deuxième groupe de tabac mondial. 12 000 salariés, qui avaient le statut de fonctionnaire, vont perdre leur emploi ou se voir attribuer, pour onze mois seulement, un nouvel emploi précaire avec un salaire divisé par deux. 1 200 grévistes sont arrivés de toute la Turquie à Ankara avec la ferme intention de ne pas revenir sans avoir eu satisfaction.
Avec leurs familles, ils campent devant des bâtiments officiels malgré l’hiver glacial. Leurs manifestations sont matraquées par la police. Certains grévistes ont fait une grève de la faim.
Le gouvernement a menacé de faire évacuer par la force leur campement avant la fin février, ce à quoi certains grévistes ont répondu : « nous mourrons plutôt que d’abandonner le combat ! ». Cette entreprise rentable fait partie des nombreuses entreprises publiques qui sont en cours de privatisation par le gouvernement pour satisfaire le FMI. Le gouvernement ultralibéral cherche aussi à se montrer digne de rentrer dans l’Union européenne.
La ténacité des grévistes transforme cette lutte en une épreuve de force nationale avec le gouvernement. Ils sont soutenus par la population, elle aussi victime de cette politique libérale. Grâce à ce soutien, ils reçoivent de la nourriture et des soins. Après une action de solidarité nationale le 12 février, une autre est prévue le 20 février, où 100 000 travailleurs venant de toute la Turquie doivent se rendre à Ankara pour passer la journée avec les grévistes.
La solidarité internationale s’exprime aussi. Ainsi, à Strasbourg, a eu lieu, lundi 8 février, une manifestation pour soutenir les grévistes.