La fuite en avant autoritaire du gouvernement turc de l’AKP, allié au Parti d’action nationaliste (MHP, parti fasciste), ne s’arrête plus.
Après un premier refus en mars 2021 pour des questions de procédure, la Cour constitutionnelle a finalement accepté fin juin dernier l’acte d’accusation visant l’interdiction du HDP (Parti démocratique des peuples). Le procureur a argué qu’il existait des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qualifié de « terroriste » par Ankara. L’acte d’accusation demande également une peine d’inéligibilité envers 450 dirigeantEs et militantEs du HDP. Cette décision est intervenue quelques jours après le meurtre d’une militante kurde du HDP, Deniz Poyraz, par un militant d’extrême droite dans les locaux du HDP à Izmir, le 18 juin 2021. L’assassin, Onur Gencer, a pu entrer dans le bâtiment, devant lequel est installé un point de contrôle permanent de policiers, sans être intercepté.
Répression tous azimuts
La répression continue également de toucher des étudiantEs, des femmes ou des personnes LGBTI. Tandis que les évènements organisés à l’occasion de la Pride ont été très violemment réprimés par la police, les féminicides continuent. Parallèlement, le gouvernement a annulé la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.
Les intimidations et les violences d’Ankara et de ses alliés ont également lieu contre des activistes et des journalistes exiléEs qui ont fui la répression du gouvernement turc. Erk Acarer, journaliste d’investigation turc écrivant notamment pour le quotidien de gauche basé à Istanbul BirGün, a été agressé à l’arme blanche début juillet dans la cour de son immeuble à Berlin.
Mafia et pouvoir
La Turquie est également secouée depuis le mois de mai par les révélations sur les réseaux sociaux du chef mafieux ultranationaliste Sedat Peker, en cavale aux Émirats arabes unis. Celles-ci sont extrêmement compromettantes pour le régime turc. Peker a dévoilé le niveau d’interpénétration de l’AKP avec le crime organisé. La corruption atteint des niveaux sans précédent : il y a quelques mois, la presse a révélé la disparition de 128 milliards de dollars de la Banque centrale.
Entre autoritarisme et corruption, Erdogan et son parti de l’AKP tentent de rester au pouvoir par tous les moyens à leur disposition.
Article paru dans le n°392 de solidaritéS (Suisse)