Le Comité français du RESU (Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine) affirme sa solidarité avec les populations d’Ukraine victimes du crime de guerre, crime contre l’humanité et écocide que constitue la destruction partielle du barrage de Nova Kakhovka sur le Dnipro/Dniepr dans la nuit du 5 au 6 juin 2023.
Crime de guerre : la responsabilité russe, qu’elles qu’en soient les modalités exactes, ne saurait faire de doute, l’inondation des zones en aval interdisant une éventuelle avancée ukrainienne et le barrage lui-même étant un point de passage possible, à présent barré, et ayant été notoirement miné, et mal entretenu, par ceux qui en ont le contrôle total depuis plus d’un an, les forces d’occupation russes.
Un à deux millions de personnes sans eau ni électricité
Crime contre l’humanité : ce sont des dizaines de milliers d’habitantEs qui sont inondés. Les forces russes restreignent ou empêchent les secours en zone occupée, et les bombardent en zone libérée, comme à Kherson. Les mines dispersées et non encore explosées mettent les secours en danger un peu partout. Un à deux millions de personnes sont durablement privées d’eau potable et d’électricité. Le brassage des égouts et des cimetières s’ajoute à l’inondation pour créer le risque probable d’épidémies (choléra, dysenteries...). L’irrigation des principales zones maraîchères d’Ukraine, connues pour leurs tomates qui furent un symbole de la libération de Kherson, est stoppée. La récolte céréalière 2024 des régions environnantes est gravement compromise avec des effets mondiaux. Les silos de grains sont sous l’eau.
Écocide : à l’anéantissement immédiat de la faune aquatique et terrestre d’une vaste région, s’ajoute la pollution chimique massive : 150 tonnes et potentiellement 300 tonnes d’huile de machine provenant d’une usine attenante au barrage se déversent, les silos et dépôts d’engrais et de pesticides en font autant, des sels de métaux lourds et des dépôts radioactifs sont brassés. Le tout va ensuite polluer la mer Noire, cependant que l’assèchement progressif de la zone inondée et du fond du barrage risque de former une sorte de désert, le tout dans le contexte du réchauffement global. Il n’y a nulle exagération à dire que nous avons là la pire catastrophe écologique directe arrivée en Europe depuis Tchernobyl. À tout cela s’ajoute le tarissement à moyen terme de l’eau de refroidissement de la centrale nucléaire occupée de Zaporijia.
Solidarité morale et surtout matérielle
Le Comité français du RESU s’étonne et s’indigne de l’absence de réaction ou des réactions, à la fois équivoques et lentes quant à l’aide urgente à apporter, de la majeure partie des dirigeants internationaux. Cela pose la question terrible de savoir si leur attitude face à un éventuel sabotage de la centrale nucléaire de Zaporijia, qui pourrait être le prochain crime impérialiste russe, serait aussi insignifiante ?
Le Comité français du RESU appelle la Croix-Rouge et les organisations humanitaires à sortir de leur inaction coupable et à exiger immédiatement le libre accès à la rive gauche du Dniepro/Dniepr occupé où le pire est à craindre pour les habitantEs.
Il appelle toutes les forces se voulant attachées à l’émancipation humaine et à la défense de la terre, à apporter immédiatement leur solidarité morale et surtout matérielle en relation avec les organisations de la société civile et les syndicats ukrainiens.
Vous pouvez soutenir la campagne lancée par l’association Kalyna, un de nos partenaires dans les mobilisations de soutien à l’Ukraine, très engagée dans le soutien humanitaire, qui récolte des fonds pour l’envoi de filtres d’eau potable afin de répondre à l’urgence des besoins en eau potable de la région de Kherson :
https ://www.helloasso.com/associations/kalyna/formulaires/6