Il est difficile de ne pas penser à ce qu’ont dû endurer les GazaouiEs lors de la « trêve » de Noël : sous les bombardements, la course à la nourriture et aux soins, et un hiver pluvieux qui rend la vie en tentes encore plus terrible.
Plusieurs nouveau-nés sont morts d’hypothermie dans ces camps autour du Nouvel An. Pourtant l’armée israélienne continue de bombarder et d’éliminer petit à petit toute présence palestinienne notamment dans le nord de la bande de Gaza. Ainsi au 6e jour de 2025. Israël a déjà tué plus de 265 PalestinienNEs.
Ni nourriture, ni soins, ni témoignages
Il y a plus d’un an, Israël se défendait de viser des hôpitaux. Le fait que les structures de santé sont systématiquement prises pour cibles et rendues non opérationnelles est devenu d’une banalité déconcertante. L’hôpital Al-Aqsa a été vidé de son personnel. L’image du Dr Abu Safyia marchant en blouse blanche dans une rue pleine de débris vers un tank a fait le tour du monde. Une campagne de soutien a lieu pour demander sa libération immédiate. Comme plusieurs médecins de Gaza, il a été pris pour cible : accusé d’être un « terroriste du Hamas » sans aucune preuve. Plusieurs médecins ayant refusé de laisser leurs patientEs mourir ont été pris pour cible — soit par des bombardements directs soit par leur arrestation. Nous sommes sans nouvelles de plusieurs d’entre eux. Certains sont morts sous la torture, les mauvais traitements et le refus de soin.
Comme pour les médecins, nous atteignons 204 journalistes tuéEs à Gaza depuis le début du génocide. Empêcher les soins, ne pas laisser de témoins et détruire toutes les infrastructures nécessaires à la vie : Israël mène bien une guerre génocidaire malgré toutes les dénégations des commentateurs en France.
Qui défend le droit international ?
À ce titre, certains pays prennent au sérieux le droit international : Netanyahou ne sera pas présent aux commémorations des 80 ans de la libération d’Auschwitz sous peine d’arrestation. De la même manière, un soldat israélien passant ses vacances au Brésil a dû fuir vers l’Argentine sous le coup d’un mandat d’arrêt. En France, où un grand nombre de soldats viennent pourtant passer des vacances, les poursuites sont classées sans suite. Ainsi Israël a publié un guide interne pour que ses soldats puissent échapper aux poursuites pour crimes de guerre. Israël leur conseille de ne pas poster leurs crimes sur les réseaux sociaux ou de consulter des spécialistes en droit international avant de voyager.
Il ne s’agit que de maigres victoires car la fin du génocide ne semble pas être pour maintenant. Les accords de cessez-le-feu sont torpillés régulièrement par Netanyahou, lequel a plusieurs fois indiqué que la libération des otages n’était pas la priorité.
L’impunité organisée d’Israël
Avant de laisser la place à Trump, Biden a fait passer plus de 8 milliards de dollars de vente d’armes à Israël. Cela montre que la politique étrangère des États-Unis est très peu dépendante de qui est président et que l’administration Biden a amplement organisé, armé, soutenu cette politique génocidaire.
Notamment au Liban, où le cessez-le-feu n’a de réalité que le nom puisque Israël se permet de bombarder régulièrement et de continuer à occuper certains territoires. Le vieux rêve sioniste d’occuper indéfiniment le Liban au sud de la rivière Litani (la ligne bleue) est à portée. De même qu’en Syrie, Israël bombarde régulièrement des infrastructures notamment militaires après avoir annexé une fraction du territoire — en violation des accords de 1974 qui avaient gelé la frontière sur le plateau du Golan (toujours illégalement occupé par ailleurs).
Avec des bombardements fin décembre au Yémen, Israël intervient partout, confiant dans son impunité. Les expulsions continuent à Jérusalem-Est, et l’État colonial peut compter sur l’Autorité palestinienne (AP) pour faire le sale boulot. L’AP a tué une journaliste qui couvrait les affrontements entre sa police et les groupes armés. Dans les pas d’Israël, l’AP vient également d’interdire la chaîne d’information Al Jazeera. Ce début d’année n’offre pour l’instant que peu de perspectives, si ce n’est de continuer la mobilisation et continuer de parler de Gaza.
Édouard Soulier